Un petit air de perfection
Comment vous dire ? Tous les éléments qui constituent Dawn by Law, non contents de s'imbriquer parfaitement, forment un ensemble si réussi que oui, l'idée de perfection n'est jamais loin.
Jarmusch, évidemment, dont ce troisième long-métrage va cristalliser un certain nombre de thèmes qui vont le caractériser: un noir et blanc somptueux, allié à une photographie reconnaissable entre mille, le choix d'employer des musicos comme acteurs (ici grandioses, nous y revenons juste après), le parcours de loosers magnifiques, une drôlerie et une ironie uniques, des scènes inoubliables.
Les acteurs, disions-nous ? Tom Waits, dont un de ses morceaux de "Rain Dogs" ouvre magnifiquement le film sur des plans superbes sur la nouvelle-Orléans est parfait, john Lurie (membres des Lounge Lezards) constitue un side-partner génial en personnage renfrogné, et Roberto Benigni....? Et ben c'est pas dur, c'est le meilleur rôle de sa carrière.
C'est à la fois drôle, poétique, léger, beau et hilarant.
Les scènes de prisons sont particulièrement jubilatoires, depuis le "if looks can kill, I am dead now" jusqu'au "we all scream for Ice Scream" qu'on pourrait se repasser en boucle chaque soir de déprime.
Dawn by Law est un joyau paradoxalement coloré dans l'écrin de la grisaille de la vie quotidienne, un fleur fraiche poussée sur un tas de fumier oublié au fond d'une cour à l'abandon, un bonbon aux milles saveurs posé sur une assiette de fèves sèches.
Pas moins.
Indispensable et parfait.