Le film commence ; la caméra filme sur un air de musique entraînant les recoins sombres de la Louisiane. Dans un enchaînement rapide, nous voyons tour à tour des quartiers défavorisés, de sombres bayous et d'immenses zones abandonnées. La musique s'estompe alors et la caméra se focalise sur deux paumés du coin ( Tom Waits et John Laurie), des êtres désincarnés qui semblent errer sans but dans une ville fantôme où se meuvent macs, prostituées et flics corrompus. Le temps semble s'être arrêté dans cet endroit où le danger rôde à chaque coin de rue. La caméra effectue de longs plans fixes, amplifiant cette sensation d'immobilisme. Sous nos yeux, la Louisiane se transforme alors en un lieu où la poisse et la déveine vous collent sans arrêt à la peau.
Malgré ce cadre à première vue sinistre, la caméra de Jarmusch parvient pourtant à en dégager des scènes saisissantes de beauté. De cette tristesse et misère émanant de ce petit monde, surgit une poésie aussi mélancolique qu'enchanteresse. Le noir et blanc y est pour beaucoup, offrant de superbes plans renvoyant à l'expressionnisme allemand et ses jeux d'ombres. L'ambiance du film devient alors semblable à un vieux morceau de country blues, où poésie et nostalgie ne font plus qu'un.
Cette sublime atmosphère trouve son prolongement dans le personnage de Roberto Benigni, un être empli d'enthousiasme et de joie communicative malgré les malheurs l'entourant. Sa prestation fait mouche et fait rire autant ses acolytes que nous, les spectateurs. Avec lui, l'enfer de la prison et des bayous devient un endroit où règne bonne humeur et fantaisie.
Finalement, Down by Law est l'image de cette phrase dite par Benigni : " It's a sad and a beautiful world ".