Une comédie dramatique qui rappelle la tendresse et l'humour du tube Marly Gomont (Diego Ongaro, le réalisateur, cite plutôt Orelsan, mais de notre côté on n'a pas pu s'empêcher d'entendre les échos de cette chanson de Kamini, si bébête, si vraie et si attachante). Dans le rôle du rappeur qui fait un break à la ferme (et se confronte à la rudesse de la vie à la campagne), Freddie Gibbs excelle, lui qui n'est pas acteur de profession mais bien chanteur de rap, ce qui crève l'écran de réalisme. On s'attache très vite à ce personnage, à ses ambitions, à ses déceptions, et l'on suit son quotidien sans jamais penser à regarder sa montre, la sincérité du discours nous captivant de bout en bout. L'explication du titre est multiple, on peut le traduire littéralement ("Chuter avec le Roi", pour expliquer le déclin malsain qu'a subi le chanteur en se prenant trop pour le Roi du rap), ou selon l'expression "To be down with" ("En avoir fini avec le Roi", pour donner un indice sur
la fin qui montre son apprentissage de la vie, la vraie, et son rejet de son ancienne carrière bling-bling
). On glissait à Diego qu'entre son histoire touchante, son acteur principal criant de vérité justement car il n'en est pas un, ses décors naturels qui sont magnifiques en toute saison (ça nous a fait rêver...), son humour simple et efficace (l'invasion de la moufette, on a bien rigolé), et sa fin très agréable, il ne pouvait s'attendre qu'à repartir avec un prix du Festival de Deauville... Et un Grand Prix pour Down with the King, un. On est bien contents, car avec Red Rocket (son concurrent amical de chez Sean Baker), il était le seul film sur lequel tous les festivaliers étaient plus ou moins (vraiment) d'accord pour le Prix. Un feel-good movie sur lequel on n'aurait pourtant pas parié (le résumé du catalogue faisait penser à un 8 Miles bis, mais rien n'est moins vrai), et qui nous a mis dans sa poche très vite. La sincérité paye toujours.