La série figure parmi nos préférées (on l'adule), le premier film était un peu pantouflard, mais cette suite nous a étonné agréablement en dégainant un scénario en béton, qui, en dispersant ses personnages (une partie dans le Sud de la France pour une mystérieuse histoire d'héritage-surprise, les autres au domaine Downton pour gérer un tournage de cinéma !) permet de redynamiser son film de 2h10 en changeant constamment les cadres et les intrigues. On ne s'ennuie certainement pas ! On a même plutôt peu hâte d'arriver à la fin, puisqu'on a depuis longtemps deviné qu'elle signifie
la révérence de la Douairière (notre chouchou), mais là encore : pas question de nous décevoir, les scénaristes la font partir à la hauteur de son personnage : comme une grande Dame. Elle donne ses adieux et choisit elle-même son moment, une poigne de fer qu'on aura adoré jusqu'au bout (plutôt qu'un AVC fébrile dans le jardin par exemple),
on a respecté le personnage jusqu'à son dernier souffle, et pour cela : merci aux scénaristes. On adore évidemment retrouver la petite musique du générique, le domaine (majestueux, on ne se fera jamais à ces plans du château somptueux), nos personnages favoris qui ont maintenant quelques rides, des cheveux poivre et sel, mais comme nous, au final (on continue de s'identifier au fur et à mesure que le temps passe). Le plaisir continue avec ces gags directement tirés de Chantons sous la pluie, ceux du cinéma parlant qui donne du fil à retordre à une comédienne à la voix épouvantable. On se rappelle (pour ceux qui ont connu l'intemporelle comédie musicale) de ces scènes tordantes, à peu près reprises à l'identique, et on se dit qu'à défaut d'originalité, ces gags nous font respirer dans les affaires complexes de la famille :
le Comte prendra-t-il l'héritage, est-il un frère caché du Français, Barrow va-t-il enfin trouver un partenaire après ses galères, Molesley va-t-il enfin se décider à demander Phillys, et qu'en est-il des nouvelles des couples Carson et Bates ?
On retrouve les aventures de nos personnages préférés avec une envie non dissimulée, et ce deuxième film l'a bien compris, en versant davantage dans les adieux sincères et moins dans le fan-service, une maturité à laquelle on est vite redevable : on veut la suite. On préfère parler de "deuxième" film plutôt que "second", en voulant croire qu'une suite aura lieu avec la relève annoncée à la fin, et les pistes de scénario dont on parle fiévreusement dès les portes battantes du cinéma poussées (
"Tu crois qu'ils vont garder le domaine en France ? Et Barrow, il est parti, tu crois ? Et Carson, il va rester en fonction ? Le mariage de Molesley, on veut le voir !"...
). Tant qu'il y aura des fans de Downton Abbey, les scénaristes peuvent nous donner matière à débattre, surtout si c'est avec une aussi bonne mouture que cette suite annonçant une Nouvelle Ère qu'on a déjà hâte de découvrir (on l'espère !). Et longue vie à l'héritière.