Nos aristocrates préférés et leurs domestiques nous retrouvent à l’aube des années 30. Le plaisir des retrouvailles est réel, mais hélas, de courte durée. Les passions entre tous se sont apaisées, et pour l’exprimer autrement, leurs arcs narratifs étant terminés, les personnages n’ont plus grand’chose à dire ni à défendre.
Pour tenter de relancer notre intérêt, les scénaristes ont donc eu recours à des éléments perturbateurs pour faire bouger tout ce beau monde. En l’occurrence, deux :
- une villa dont hérite la famille Crawley de manière tout à fait inopinée (c’est toujours les mêmes qui ont de la chance), dans le sud de la France, ce qui m’a permis de ne pas reconnaître Nathalie Baye pendant un bon quart d’heure : tempus fugit à une allure !
- Une équipe de cinéma et tout le staff, stars y comprises, envahit Downton Abbey pour y filmer des scènes de ce qui se révélera un des derniers films muets de l’Histoire.
La partie qui se déroule en France, je le dis tout de suite, n’a, si je puis dire éveillé que des bâillements. C’est tout à fait anecdotique et inintéressant. Quelques fausses pistes pour tenter d’éveiller notre intérêt (Untel est-il le fils de Untel ? Unetelle a-elle une maladie grave ?), mais c’est loupé, cela tombe à plat, cela sent le remplissage scénaristique artificiel.
La partie « tournage de film » est plus amusante et sympathique, sinon moins anecdotique. On y voit comment se déroulait un tournage en ces temps reculés où les fonds verts n’existaient pas, et où les héros ne volaient pas dans tous les sens en lançant des éclairs. La valetaille de Downton Abbey est toute excitée, de même que l’Aristocratie, mais celle-ci avec le petit doigt dressé et un air vaguement blasé ! Quoi qu’il en soit, la modernité entre à Downton Abbey, et elle est accueillie de façon diverse…
C’est à peu près tout, on aura surtout droit à du sympathique fan service, à défaut d’une bonne histoire. Unetelle trouve l’amour ; le majordome homosexuel, se voit donner une chance de – peut-être - aimer et être aimé en retour par Dominic « The Wire » West (même si je n’y crois pas une seconde) ; les domestiques se voient invités à faire de la figuration, attifés en nobles – ça c’était vraiment sympa ; Molesley voit enfin ses talents reconnus; mon couple favori (les Bates) on un enfant trô mignon; et puis bon, quelqu’un meurt à la fin…
La question se pose : hors fan service, où on a été bien servi, pourquoi ce film, qui n’ajoute rien à la saga ? Les personnages n’ont pas vraiment évolué entre le début et la fin du film (hormis celui qui meurt, cela va sans dire), ils sont donc prêts à être rangés dans la naphtaline pour être un jour prochain ressortis, un peu plus âgés, pour « Downton Abbey et la seconde guerre mondiale », « Downton Abbey et le rock’n roll », « Downton Abbey et la pilule », etc.
Il y a de bonnes chances que je regarderais ça aussi, mais toujours avec la nostalgie de l’inégalée série télé d’antan, où tout le plaisir résidait dans les interactions entre des personnages qu'on apprenait à connaître, pour les aimer ou les haïr, sans qu'il soit nécessaire d’importer des éléments extérieurs pour nous passionner.