Margaret par Bingobingo

Au début il semble que j'aurai droit à une histoire toute simple. Lisa, une adolescente new-yorkaise privilégiée (Anna Paquin), assiste à un accident dont elle se sent en partie responsable : un autobus grille un feu rouge et écrase une femme qui perd la vie. D'où réactions compréhensibles chez l'ado : colère, culpabilité, envie que-justice-soit-rendue, etc. Mais le récit est vite parasité par plusieurs histoires parallèles : une romance entre la mère et un ingénieur colombien (Jean Reno, aussi souriant que d'habitude); la carrière artistique de celle-ci; des "débats" houleux sur le conflit israélo-palestinien; et les amourettes de l'héroïne avec trois messieurs (dans l'ordre : l'amoureux transi qui rougit au premier bisou; l'adolescent artiste-drogué qui a tout vu tout vécu, à qui l'on doit une scène ridicule de dépucelage; et enfin le professeur-attentif-toujours-à-l'écoute, supermignon -Matt Damon-, un peu gêné aux entournures car il a sans doute regardé "Les risques du métier" avec Jacques Brel, et il aura bien raison de se méfier, car… mais je ne vais pas vous raconter la fin, vous n'aurez qu'à souffrir comme j'ai souffert).
Bref voilà un film plein de bonnes intentions, mais au final pas mal loupé car pistant trop de lièvres à la fois (et, au niveau de la forme, il y a quelques coupures bizarres au montage). Même à considérer que le sujet du film serait le passage à l'âge adulte d'une adolescente (en l'occurence hystérique et franchement antipathique) confrontée à un drame, et où tout ce qui lui arrive affecte son entourage d'une manière ou d'une autre ça ne marcherait pas car il n'y a pas nécessairement de relation de cause à effet (par exemple le déroulement de la relation entre sa mère et le Colombien, ou le débat sur la Palestine sont indépendants de ce que vit Lisa). A la décharge du film, je dois avouer un léger problème personnel avec Anna Paquin. Je l'aime assez bien et je crois que c'est réciproque, mais chaque fois que je la vois je pense à Amélie Mauresmo; c'est très perturbant. D'ailleurs, quand je vois Amélie Mauresmo, je pense aussi à Anna Paquin, comme quoi ça marche dans les deux sens.
Deux autres détails m'ont dérangé dans ce looooong film :
1 - le chauffeur de bus (Mark Ruffalo) ressemble comme un frère jumeau à Alexandre Astier, je m'attends toujours à ce qu'il fasse un commentaire drôlatique en argot à propos de Table Ronde ou de Graal ou de je-ne-sais-quoi, alors que ce n'est, comme dit mon neveu, "ni le lieu ni l'endroit".
2 - Plus grave, ce conducteur est présenté comme en partie responsable de l'accident, alors qu'il n'y est absolument pour rien, et ça, ça m'a énervé, car sa possible complète innocence n'est même pas évoquée tout au long des 150 minutes du film… Franchement, j'aurais été l'avocat de la partie adverse ou le scénariste, je me serais fait un plaisir de retourner la situation, et de faire condamner la petite peste elle-même, sans parler des 350000 dollars de dédommagement à la famille de la victime. Non mais attends, quoi.