Dr Jekyll ou le Prométhée gothique
Bon, je suis un petit peu déçu de la trame scénaristique du film tout de même, la descente aux enfers progressive de Jekyll et son rapport conflictuel avec Carew - plus l'absence du protagoniste du roman, Utterson - laissaient présager avec une certaine excitation que le film se terminerait comme une préquelle du roman de Stevenson, mais non, il s'agit juste d'une adaptation très libre, mais travaillée certes, avec en moins la puissance finale des confessions du roman et en plus des romances pas très intéressantes, sinon d'ajouter à travers le personnage de Miriam Hopkins une touche sensuelle et érotique assez controversée pour l'époque à l'oeuvre de base... Du coup, le film ne s'assume ni comme un film gothique d'épouvante, ni comme un mélodrame alors qu'il avait tous les éléments pour le devenir... Tout comme on regrettera de ne pas ressentir l'atmosphère inquiétante de cette Angleterre à l'époque victorienne...
Sinon, Mamoulian ne bâcle pas du tout son travail pour autant, bien au contraire. Le film est emprunt d'une véritable richesse technique assez fascinante, avec une ouverture en caméra subjective intrigante et tout à fait pertinente avec le thème de l'histoire, et moults fondus... Par contre, si Fredrich March est parfait dans son rôle de gentleman mégalomane, digne d'une figure tragique de la mythologie, qui subit un châtiment (et sa transformation en mr Hyde l'est tout autant), ce n'est pas le cas de Myriam Hopkins et du bougre qui interprète Poole, et ce n'est ainsi pas du tout judicieux d'abuser de gros plans sur leurs visages alors qu'ils ne sont pas capables d'arborer des expressions un tant soit peu convaincantes...
En somme, un film très intéressant et risqué qui ne se limite pas à de la simple adaptation, mais qui n'échappe pas à certaines maladresses, assez conséquentes.