Une relecture délicieuse et troublante d'une histoire que l'on connaît par coeur. Après avoir absorbé le mystérieux élixir de vie qu'il a créé, le Dr Jekyll ne libère pas un horrible Mr Hyde, mais une sublime femme fatale. S'ensuivra une lutte de pouvoir acharnée entre le docteur et la belle brune toute de rouge vêtue qui n'a pas l'intention de se soumettre.
Les deux acteurs ont été merveilleusement choisis : Ralph Bates avec son visage fin presque féminin et Martine Beswick avec sa mâchoire carrée un peu masculine. Le réalisateur a bien utilisé leur beauté ambiguë pour les transformations.
Qu'elle est poétique, cette idée de faire apparaître une main - féminine ou masculine - pour signaler le passage d'un sexe à l'autre ! Nul besoin d'effets spéciaux ou de maquillages monstrueux.
Formellement, le film est d'une grande beauté et d'une grande élégance. Les robes rouge vif de Mrs Hyde, les fenêtres aux vitres colorées, les éclaboussures de sang ressortent magnifiquement au milieu de la noirceur environnante.
Baker a habilement situé l'histoire dans le quartier de Whitechapel, ce qui lui a permis de mêler imaginaire et réalité sordide (les meurtres de Jack l'Eventreur). On rencontre même les sinistres Buck & Hare. Tout ça fonctionne très bien et parle à notre imaginaire.
Tous les acteurs sont parfaits, mais c'est Martine Beswick, amazone sexy et dominatrice, qui domine le film.
Un Hammer de grande classe, sexy et poétique.