Attention chef d'œuvre ! Ce film est rempli de qualités, outre qu'il revisite le mythe (j'aime bien les Terence Fisher, mais quand on a vu celui-ci, on mesure l'écart !) avec un esthétisme efficace et baroque bourrée d'idées de mise en scène. Les personnages sont présentés en décalage par rapport à la "tradition" et au roman initial, ainsi Van Hesling est quelqu'un de peu recommandable, et Dracula est un amoureux véritable, d'abord campé en vieux cinglé, il en devient touchant. Le film est pimenté d'un érotisme judicieusement distillé avec notamment la sublime composition de la trop rare Sadie Frost avec ses cheveux de feu qui nous gratifiera d'une réplique inoubliable "Laissez-moi la toucher, elle est si longue !". Le Dracula de Coppola n'est pas qu'un film de vampire, mais une histoire d'amour entre un vampire et une jeune anglaise et cette histoire devient au fil du film d'une puissance extraordinaire jusqu'au dénouement. Enfin, le film ose mettre en parallèle la cruauté des vampires (inhérente à leur condition) à celle des inquisiteurs, Van Hesling complétement dérangé n'avouera-t-il pas que " Nous sommes devenus des fous au service de Dieu. " ! Fallait le faire ! L'interprétation est brillante, Winona Ryder est magnifique, Anthony Hopkins est très bon, et Gary Oldman habite le rôle, quant à Keanu Reeves, qui n'est pas un grand acteur, s'il est bien fade, c'est parce le rôle est ainsi.. A noter pour l'anecdote la présence de Monica Belluci qui incarne l'une des trois belles maîtresses topless du Comte Dracula.