Dracula par Coppola... ou comment le cinéma prend toutes ses lettres de noblesse...
Je sais combien les critiques face au roman sont nombreuses, mais il ne faut pas non plus se tromper, il s'agit là d'une adaptation, d'une réécriture du livre. Certes, les libertés prises sont un peu poussées (transformer le livre en histoire d'amour comme thème principal pour le film, c'est tout de même osé). Cela dit, ces libertés sont bien ficelées et au final, force est de constater que c'est là la meilleure adaptation qui soit. Que penserait Bram Stoker des films de la Hammer?? Intéressants, mais décevants (même si légendaires cinématographiquement grâce à Lugosi et Lee)... Que penserait-il de "l'incroyable" Dracula de Wes Craven?? Non mais Dracula alias Juda, fallait le faire pour le coup!
L'interprétation des rôles dans la version Coppola est fantastique: Gary Oldman est fascinant, Winona Ryder est à la fois fraîche et frêle et le génial Anthony Hopkins est lui aussi plus que parfait dans le rôle de l'érudit et déjanté Van Helsing (Hopkins, y'a pas, c'est autre chose que le petit Hugh Jackman!!)!
Ensuite vient la réalisation, artistiquement superbe! Les surimpressions, souvent décriées, sont au contraire judicieusement utilisées comme témoignage des débuts du cinéma (époque de l'histoire de Stoker) où cette technique permettait les premiers effets spéciaux ; il faut donc les voir comme un clin d'œil et un hommage. D'ailleurs, l'utilisation d'un cinématographe d'époque pour tourner les quelques plans de la déambulation de Dracula et de Mina dans Londres est là encore une référence à noter. De plus, l'utilisation de la lumière est un pur régal et renforce pleinement le côté sombre et tourmenté du récit. Enfin, on peut ajouter le côté carton-plâtre de certaines scènes (notamment l'intro) qui offre un charme non négligeable et un sentiment d'irréalité.