Coppola ressuscite Dracula
Je dois dire que j'ai revu ce film avec une joie non dissimulée, ça devait bien faire une dizaine d'années que je n'avais pas visionné ce "Dracula" de Francis Ford Coppola. L'adaptation du roman de Bram Stoker, réalisée en 1992, racontant l'histoire du comte Dracula, le vampire le plus célèbre du cinéma, ayant déjà connue différentes versions avec notamment Bela Lugosi, Christopher Lee ou Frank Langela entre les années 30 et 70. C'est l'excellent Gary Oldman qui endosse cette fois le rôle, Coppola se démarque clairement ici des versions antérieures avec un aspect plus romancé, graphique et référencé.
L'intro est absolument démente, replaçant le contexte historique du prince Vlad Dracula au milieu du XVème siècle, visuellement c'est sublime, la bataille est autant minimaliste, avec un côté 2D ombres chinoises (que l'on retrouve plus tard dans le film sous forme de maquette du cinématographe à la fin du XIXème siècle), que percutante de violence.
La première demi heure est extrêmement visuelle, un véritable univers gothique teinté de bleu, d'un sens de l'esthétisme très poussé sans artifices numériques (certains devraient en prendre de la graine ...), la séquence du manoir est absolument scotchante, il introduit le code couleur rouge sang que l'on retrouvera de manière un peu éparpillée le long du film. Ce jeu d'ombres avec Oldman face à Keanu Reeves est resté culte, ce côté paranormal est tout à fait envoûtant. Un peu après cette demi heure, le film laisse place à un conte romantique et torturé où Dracula, qui traversant les âges, retrouve la réincarnation de son ancienne épouse (interprétée par la sublime Winona Ryder) à Londres, la reconstitution contextuelle des décors et costumes est plutôt fidèle et l'interprétation très convaincante.
Mais forcément le gros point fort de ce film est bien sûr la réalisation de Coppola, qui suite au contestable "Parrain 3" retrouve des couleurs, c'est extrêmement maîtrisé, on touche même parfois au génie. Autre point fort, la musique du compositeur polonais Wojciech Kilar, qui signe une bande son magistrale rythmée de mélodies autant épiques que baroques, absolument magnifique. A noter ensuite la prestation du très charismatique Anthony Hopkins, son personnage de Van Helsing, chasseur de vampires, donne une certaine dimension fantastique à l'histoire, la scène du tombeau de Lucy reste mémorable.
La dernière partie du film est un poil poussive dans le rythme, bien que le scénario soit toujours fort intéressant et la réalisation très appliquée, mais je dois dire surtout que l'évolution du personnage de Mina m'a laissé quelque peu perplexe, rendant le final plutôt curieux voir décevant, on fini bizarrement par avoir de l'empathie pour Dracula, ce bourreau sanguinaire.
Pour conclure, cette adaptation (d'ailleurs plus fidèle historiquement, s'éloignant sur certains points de l'œuvre de Stoker) est en majeure partie extrêmement réussie, mais je ne cache pas que mon dernier ressenti lors de la scène finale m'a laissé un peu sur ma faim.