Le début des années 1970 est fatal à la Hammer. Alors qu’elle s’échine à cultiver encore le filon du cinéma gothique, les productions américaines et italiennes passent la vitesse supérieure avec des films d’horreur ou fantastique beaucoup plus réalistes qui lui filent un sacré coup de vieux. Afin de rebondir, la Hammer va tourner le dos au cinéma gothique, à l’exemple de cet énième titre sur le comte Dracula dont l’action se déroule à l’époque contemporaine. L’idée n’est pas mauvaise et voir Dracula fricoter une jeunesse barrée en pleine période psychédélique annonce quelques bons moments. En fait, le film reprend la trame de Une Messe pour Dracula avec une messe noire dans une vieille église désaffectée qui redonne vie au terrible comte qui s’appuie sur un jeune dandy bien frappé pour lui apporter les proies qu’il réclame. Mais la suite n'est clairement pas à la hauteur.


Musique funky, cheveux longs, amour libre et compagnie sont les marques de fabrique de cet opus qui tourne malheureusement très vite en rond et dont les différentes ambiances se télescopent fort maladroitement. Christopher Lee, dont les apparitions sont réduites à leur plus simple expression, retrouve, et c’est heureux, l’ami Peter Cushing qui interprète un descendant de Van Helsing toujours enclin à renvoyer l’ami Dracula à six pieds sous terre. C’est un peu le seul véritable bon point de cet épisode qui illustre totalement la difficulté de la firme anglaise à se renouveler et à sortir de sa zone de confort pour proposer des titres en phase avec son époque.


Le résultat est mou avec une interprétation approximative, Christopher Lee lui-même peinant à cacher son ras-le-bol de reprendre un de ses rôles iconiques et les dialogues étant parfois totalement lunaires. Le doublage français étant proche de la catastrophe, il est difficile de prendre cet effort vraiment au sérieux. Heureusement, la Hammer reviendra l’année suivante avec un Dracula vit toujours à Londres bien plus convaincant. Même réalisateur et même scénariste mais, cette fois, avec un sujet beaucoup plus ancré dans son époque, Dracula devenant une incarnation du Mal beaucoup plus pertinente. On peut donc zapper cet épisode et passer directement au suivant qui rend davantage honneur à tout ce que le cinéma fantastique doit à la firme anglaise.


Play-It-Again-Seb
4

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Liste et classement des films que j'ai vus ou revus en 2024

Créée

le 8 juil. 2024

Critique lue 24 fois

5 j'aime

2 commentaires

Critique lue 24 fois

5
2

D'autres avis sur Dracula 73

Dracula 73
Play-It-Again-Seb
4

Dracula psychédélique

Le début des années 1970 est fatal à la Hammer. Alors qu’elle s’échine à cultiver encore le filon du cinéma gothique, les productions américaines et italiennes passent la vitesse supérieure avec des...

le 8 juil. 2024

5 j'aime

2

Dracula 73
AMCHI
3

Critique de Dracula 73 par AMCHI

Moderniser le mythe de Dracula n'était pas une mauvaise idée en soi encore fallait-il le faire de manière plus innovatrice (par exemple à aucun moment le comte s'interroge sur le fait que le monde...

le 7 sept. 2014

4 j'aime

6

Dracula 73
MilOvni
7

Un dracula sur fond beatnik

L'affrontement seculaire entre le Professeur Van Helsing et le sinistre Comte Dracula se poursuit jusque dans le Londres des années 70. Un charme certain et décalé, ponctué de passages horrifiants et...

le 4 juin 2011

2 j'aime

Du même critique

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

le 15 nov. 2023

22 j'aime

22

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

le 12 août 2022

22 j'aime

10