Ne forçons pas le trait. Ce n'est pas parce que cette adaptation nous vient du fin fond de l'Asie qu'elle mérite le titre de purge absolue. Car dès les premières minutes on sent immédiatement que l'équipe qui se cache derrière ce film improbable a mis du coeur à l'ouvrage et des moyens relativement importants pour proposer quelque chose d'un tant soit peu fidèle à l'original.
Certes il y a bien un petit moment de flottement dans cette introduction où l'on se demande pourquoi ça pète dans tous les sens. Certes le premier contact avec Sangoku et son grand-père donne envie de souffler dans le ballon, juste par précaution (oui, ça choque un peu de voir un héros de notre enfance mettre un bâton dans le cul à son aîné).
Mais il faut être objectif, on est loin du nanar vide et chiant. Il faut aussi se rappeler que Dragon Ball, malgré son charme indéniable et son character design de folie, ne proposait pas non plus un scénario réputé pour sa profondeur. Difficile donc de pester sur l'histoire du film, qui si elle ne s'embarrasse d'aucune espèce de cohérence, a au moins le mérite de suivre plus ou moins les grandes lignes de l'anime. Je ne me prononcerai pas sur la qualité des dialogues car j'ai vu le film en VF, avec un doublage mauvais/correct, à peine digne de ceux que proposaient les dessins animés du Club Dorothée, sauf peut-être pour celui de Sangoku qui ressemble lui carrément à une parodie de State Alchemist.
Il y a également un respect assez louable des grands traits de caractère de chaque personnage, à défaut d'arriver à rester fidèle visuellement aux personnages papier. Même si Sangoku manque de charisme, la faute à un acteur pitoyable, on retrouve une Bulma sexy, un Ooblong pétochard, un Yamcha apeuré par les filles...
Et surtout, surtout, un personnage qu mérite bien son paragraphe à lui seul : Tortue Géniale. C'est peut-être la seule et unique raison pour laquelle il faut absolument voir ce film. Au moment précis où l'on arrive sur son île, Dragon Ball basculerait presque dans une nouvelle dimension. Tout ça par la grâce d'un acteur qui, en vendant sa dignité au diable, en sabotant sa carrière, en piétinant son swag, livre une interprétation complètement perchée qui confine au génie absolu. Ce mec s'appelle Zhong Yu Huang et il m'a fait hurler de rire à chacune de ses danses. Oui, un peu comme Psy. C'est pas glorieux. Mais il pourra toujours dire qu'il a fait mieux que Chow Yun Fat dans Dragonball Evolution...
Parlons enfin de la réalisation, qui elle aussi y met du coeur. Les trucages sont faits maison, mais s'incrustent finalement assez bien quand on n'y regarde pas de trop près. On a clairement vu pire. Quant aux combats, ils ont le mérite d'être vifs, à défaut d'être intéressants ou même de proposer du vrai kung fu.
Evidemment que le film a un gros cachet nanar, c'est indéniable. Mais c'est surtout parce qu'on y voit des mauvais acteurs et figurants philippins engoncés dans des costumes grotesques, que l'histoire est nulle à chier et que l'humour pour gosses attardés y flirte dangereusement avec le graveleux. Malheureusement il y a des choses qui passent très bien dans un manga ou dans un animé, et qui passent beaucoup moins bien quand on essaie de les adapter en live action. En l'occurrence, je ne suis pas convaincu qu'on puisse faire bien mieux avec un univers comme celui-ci.
En définitive, Dragon Ball n'est pas sain pour le cerveau, surtout en VF, mais il n'est pas interdit d'y grappiller quelques minutes de pur plaisir coupable, surtout quand Tortue Géniale nous fait la Macarena.