Un scénario bien écrit autour du père saiyen de Goku !

Spontanément, je ne suis pas accro à ce film. D'abord, on sait à l'avance non seulement la fin de l'intrigue, mais en plus l'intrigue n'a même pas de rebondissements, car si on lit des tragédies on sait comment va se finir, puis n'importe quelle série on sait en général quel personnage va gagner à la fin, à de rares exceptions près. En revanche, le scénario a des rebondissements, on ne sait pas comment on va aller jusqu'à la fin. Or, ici, il y a bien sûr un scénario, mais il n'est pas de l'ordre : on croit qu'on va pouvoir faire ça, on n'a ça qui nous piège. Non, le héros est impuissant du début à la fin, il apprend ce qu'il va se passer, n'arrive pas à rallier les autres et meurt, et c'est tout. On peut avoir un excellent récit malgré tout sur cette fatalité, mais dans la licence Dragon Ball c'est pas le produit qui sera sublimé avec le plus d'évidence. Ils s'en sont toutefois assez bien sortis. L'autre problème, c'est la médiocrité des combats. Il n'y a rien à voir et le combat final de Baddack dans l'espace est du grand n'importe quoi ! Il est tout seul, submergé, c'est poétique, c'est symbolique, mais bon on voit des gros paquets qui se jettent sur lui, il les éjecte. J'ai pas aimé du tout. Baddack a son moment classe quand il élimine tous ceux qui ont tué ses équipiers, puis quand il se fait vaincre par Dodoria avec l'image symbolique des cadavres qui lui retombent tous dessus. Cependant, au plan du scénario, je n'ai pas trouvé ça limpide que Dodoria et ses sbires aillent tuer l'équipe de Baddack en mission sur une autre planète. C'est du hors-d'œuvre. Il aurait été beaucoup plus logique que l'équipe soit éliminée lors de la précédente mission avant le retour sur Terre. Cela a permis de créer une tension, car Baddack s'est fait soigner de la première mission, a déjà des rêves du futur, on apprend qu'il devient plus fort à chaque fois qu'il frôle la mort et qu'il est dans une progression vertigineuse, mais pour Freezer, il peut détruire la planète Vegeta et soit laisser les autres à leur sort, soit les tuer après. En plus, on a une idée de vitesse d'exécution des missions qui laisse pantois quand on sait ce que nous raconte la suite de la licence..., quand on sait aussi que Nappa et Vegeta mettaient un an à se rendre sur la Terre sans se battre. C'est ça aussi que je n'aime pas dans Baddack contre Freezer, c'est que les codes de l'exploration de l'espace sont complètement mis par Terre pour du space opera qui inévitablement va aller vers le bas de gamme. Attaquer une planète, c'est comme attaquer un village à 5 kms.
Un autre truc que je n'ai pas aimé, mais ce n'est pas tant lié au film qu'au déploiement de la licence, c'est que j'ai vu ce film bien après avoir vu l'ensemble de la série, après avoir lu tout le manga. Or, Freezer détruit ici la planète des saiyens dans la première de ses quatre formes, sans aucun réel effort, et ça ça me fait chier. Certes, dans le film, ça donne un effet de démesure et si pas dans le manga au moins dans la série animée on a des annonces de cette possibilité : Vegeta détruit une planète de la sorte..., menace de détruire la Terre au milieu de son combat contre Goku. Mais sur Namek Freezer en forme finale il n'a pas détruit la planète d'un coup ! Ces problèmes logiques me font un peu chier. Puis, du coup, Freezer, pourquoi, dans les périodes où il est vivant, il ne détruit pas la Terre, pendant que Goku et Vegeta dorment ? Pour moi, ces idées-là ne vont pas avec un prolongement indéfini de la série. J'aurais mieux aimé qu'un vaisseau détruise la planète, quitte à dire que Freezer surclasse les saiyens. En plus, Freezer est censé appréhender les saiyens, soit collectivement comme dit par Zarbon dans ce film, soit parce qu'il y aura un super saiyen qui apparaîtra comme dit dans le manga lui-même. Les deux inquiétudes sont compatibles. Mais là, Freezer détruit une planète et tous les saiyens avec pas son petit doigt, mais avec un petit doigt quand même, et du coup ça créer un truc sans queue ni tête.
Toriyama était encore en train d'écrire la fin du combat entre Goku et Freezer à ce moment-là, et ce film même s'il a été conçu rapidement était engagé plusieurs mois avant sa sortie, donc ça a dû vraiment jouer à fixer une orientation illogique au manga originel. Alors, certes on a le spectacle, le symbolique, et l'hyperbole et l'exagération épique, mais bon c'est tellement pas logique que moi ça me sort du récit.
On remarque aussi que le film a du mal à anticiper la suite prévue par Toriyama d'ailleurs. Baddack n'a pas la vision de l'issue du combat avec Freezer, lequel reste en forme première d'ailleurs dans les visions. On remarque qu'il n'est pas question du danger du super saiyen, mais du danger que représentent les saiyens collectivement. On a aussi un défaut à la fin du film, mais il sera aggravé avec le film de 2018 sur Broly c'est que Goku en arrivant sur la Terre est plutôt gentil avec son grand-père adoptif Son Gohan, alors que, selon le manga, il fut violent jusqu'à ce qu'il reçoive un coup sur la tête.
Pourtant, le film a un charme. Contrairement au film de 2018, ici, en-dehors de Goku, les autres saiyens ne sont pas gentils. La mère de Goku est absente, ce qui facilite les choses. Mais, ce que j'aime bien, ce n'est pas uniquement que les saiyens ne soient pas gentils, c'est que ce soit habilement dosé. Par exemple, j'aime beaucoup le traitement de Selipa. Elle représente en tant que femme les idées maternelles, et le personnage est plutôt gentil, mais avec un certain détachement. Elle dit à Baddack qu'il pourrait aller voir son fils, mais celui-ci répond qu'il s'en fout, elle se retire de la conversation avec un "ah ! bon !" très désengagé. J'ai bien aimé ce portrait nuancé. Les saiyens font des enfants, sont amis entre eux car fiers de leur peuple, ils ne sont pas tout monstrueux, mais les codes sociaux d'indifférence aux enfants sont bien ancrés. Selipa dit un truc sympa sur le nouveau-né, mais elle n'est pas choquée non plus par les propos de Baddack. Voilà qui était plutôt bien vu !
On a un portrait positif de l'amitié entre les saiyens, mais après une scène où ils tuent à l'état bestial, c'est le cas de le dire, les habitants de toute une planète. J'aimais bien ces dosages.
Quant à Baddack, là, il y a une vraie réussite du récit. C'est un guerrier qui est en train de devenir exceptionnel parmi les saiyens, j'aurais d'ailleurs plus souligner ce fait dans le film que ça n'a été fait. C'est le guerrier de deuxième ordre devenu dix fois plus fort à force de revenir entre la vie et la mort à chaque mission. L'idée est excellente et aurait dû être un peu plus mise en relief. Les compagnons de Baddack admirent leur compagnon, et Baddack a lui tout seul vaincra ceux qui ont vaincu ses compagnons. Ceci dit, ils sont tous des guerriers de second ordre. Dans le scénario, il aurait fallu insister sur le fait que Baddack originairement de second ordre avait rejoint un commando de choc, ce qui aurait rendu plus crédible qu'on lui donne d'importantes missions l'une à la suite de l'autre et que Dodoria trouve important de les liquider indépendamment de la destruction de la planète Vegeta par Freezer. Il aurait vraiment été pertinent que Freezer se pose la question du devenir étonnant de certains saiyens comme Baddack qui augmentait anormalement de force de retour de missions. C'est dommage comme raté du scénario ! Toutefois, dans la relation du père au fils, on reste sur les bases d'un père qui arrive à faire oublier qu'il est de second ordre et qui méprise son fils avec son ridicule potentiel à la naissance (Ceci dit, depuis que Vegeta s'entraîne avec la machine à gravité sans jamais rattraper le niveau de Goku, ce trait scénaristique est devenu difficile à intégrer à l'histoire officielle). Or, Baddack ne va pas commencer à s'intéresser à son fils pour n'importe quelle raison.
Au tout début du film, l'équipe de Baddack est en mission sur une planète aux habitants assez puissants et on explique que Freezer s'intéresserait à cette planète pour les pouvoirs magiques de ses habitants (ce qui rend ballot de ne pas avoir fait des prisonniers au passage ). Or, Baddack se fait surprendre et va subir un châtiment magique particulier. On peut penser que le magicien savait déjà le futur des saiyens, sinon sa vengeance n'avait aucun sens et il faut dire que le scénario ici passe un peu en danseuse, et donc il donne le don de prescience à Baddack pour que celui-ci contre son gré ait des visions du sort tragique qui attend son peuple, sort tragique très proche. Baddack devient ainsi une sorte de Cassandre de la mythologie grecque, il sait que son peuple va se faire piéger par le maître qu'il sert et éliminer, mais personne ne va le croire. Mais, surtout, l'idée qui est très belle dans le scénario, c'est que l'espèce de crapaud anthopomorphe qui a jeté un sort à Baddack n'avait sans doute pas prévu que Baddack serait le père d'un survivant saiyen qui serait gentil et qui vengerait leur cause. Et c'est là qu'est tout le trésor de ce film. Baddack ne voulait pas rentrer sur la planète Vegeta pour voir son fils, et là il y rentre avec de premières visions de son fils. Et ça l'interpelle, et il passe devant la salle des bébés, et il daube son fils en comparant la force affichée à la naissance et les rêves qu'il fait, il y a trop d'écart entre ce bébé et le héros surpuissant de ses visions. Il n'est pas encore convaincu que le sort jeté est réel, est bien la prescience. Et il manque l'ultime occasion de serrer son fils dans ses bras.
Les visions continuent, ses amis se font dégommer, lui arrive après le drame, on a la scène d'échange avec Toma, il se fait piéger à son tour, mais s'en sort mieux et commence à venger ses amis, Dodoria arrive et l'éclate dans une préfiguration de ce qui va aussi lui arriver face à Freezer, et les cadavres de ses amis retombent sur lui, rescapé inespéré. Et on a la belle scène du bandeau imbibé de sang, façon film américain.
Or, on revient aux visions. En revenant sur la planète Vegeta, il n'est toujours pas convaincu par la vérité des visions, mais il croise une capsule et on est dans un entre-deux entre le caractère logique que ça puisse être son fils et le fait qu'il ait l'intuition à cause du sort jeté. Et quand il arrive sur sa planète et qu'on lui dit que Goku est parti pour la Terre, une planète qu'il semble connaître pour on ne sait quelle raison, à moins que ce ne soit la précision "planète bleue" qui coïncide avec les visions, Baddack comprend désormais la vérité, mais il est trop tard. Il a croisé son fils dans une image facile mais symboliquement superbe, lui descend vers la planète Vegeta et sa mort, pendant que Goku s'élève vers un avenir.
Baddack n'a pas eu les visions de Raditz étrangement ou alors j'ai manqué un truc, mais il a les visions de Piccolo daymao et de Vegeta, puis un peu aussi de la planète Namek avec Freezer. Et c'est là que c'est passionnant dans le film, car la malédiction est aussi une bénédiction. D'un côté, Baddack a la vision de la fin tragique des saiyens et il lutte en vain contre et de l'autre petit à petit il prend confiance dans la vision de son fils qui grandit comme quelqu'un de bien, ce qui au passage travaille sans doute les valeurs morales du père, puis qui est assez fort pour affronter le saiyen le plus fort, le prince Vegeta, et enfin qui semble en mesure d'affronter Freezer, et même si Baddack ne voit pas la conclusion, d'un côté il est déjà fier de son fils et de l'autre il a un début de confiance selon lequel Goku pourrait gagner et il sourit, et c'est du coup aussi une beauté du film de ne pas avoir la vision de Goku vainqueur de Freezer, car ça montre bien l'évolution psychologique du père Baddack.
Effectivement, pour tout ce traitement, c'est d'évidence l'un des meilleurs produits dérivés de la série, scénaristiquement c'est le meilleur produit dérivé.
On voit aussi apparaître le prince Vegeta enfant, et j'ai beaucoup aimé son charadesign quand il se bat contre les saïbaïmen, car évidemment on songe à Goku enfant au début de la série, et on a une tête d'enfant féroce de profil qui le fait super bien.
Le problème, maintenant, c'est que ce film augmente notre envie de voir les autres saiyens, de voir les parents de Goku, etc. Et c'est là qu'on sent le poids de plomb d'un scénario qui a liquidé d'office un univers à l'énorme potentiel. Dans Dragon Ball, on n'a pas avec Goku et désormais Vegeta des combats parmi les planètes où des armées sont affrontées. Sur Namek, on a Zarbon, Dodoria, le commando Ginyu, mais on n'a pas eu réellement l'idée d'armées qui colonisent des planètes. Dans La Revanche de F, on a une armée, mais on n'a pas le récit des planètes occupées, le récit de l'organisation de l'empire de Freezer, etc. On n'a pas cela non plus dans l'arc sur Moro actuellement toujours en cours. Et on a des saiyens ultra forts Goku, Vegeta et l'illogique Broly 2018, mais ce sont trois individus, puis leur famille. Les personnages forts, c'est tantôt Hit, tantôt Buu, c'est quelques humains comme Krillin, c'est quelques cyborgs comme C-18. Mais on n'a pas cette vie d'un peuple de guerriers méchants, mais capable d'évoluer malgré tout.


Bonus :


Un truc qu'on peut apprécier aussi, c'est l'attaque spécifique de Bardock face à Freezer, il s'agit de montrer qu'elle est dérisoire face à Freezer, mais Bardock ne peut pas utiliser non plus le kamehameha. L'idée a été de lui attribuer une boule bleue, et face à cela Freezer envoie lui-même une énorme boule d'énergie de couleur jaune, mais malgré tout les deux attaques ne se confondent pas, car celle de Freezer est un classique amas d'énergie, tandis que dans le cas de Bardock elle se forme rapidement. Bref, on ne voit pas la même attaque en plus petit, même si à la fin c'est un peu cela qui permet de comparer le déséquilibre des forces.
En revanche, cet animé ne fait pas que renforcer le côté illogique d'un Freezer détruisant d'un coup la planète Vegeta, ce qui ne sera pas le cas sur Namek et ce qui est gênant pour des combats qui pour l'essentiel se déroulent sur la Terre en faisant moins de dégâts. L'autre problème, c'est que ça renforce l'absurdité de la théorie de l'envoi des saiyens trop faibles sur d'autres planètes. Goku / Kakarotto va tout seul sur la Terre en étant bébé, planète qu'il devrait envahir en quelques mois. Tout cela est en réalité absurde à plusieurs niveaux. Premier niveau d'absurdité : il est absurde d'envoyer les saiyens faibles seuls à la naissance et les saiyens forts en groupe un peu plus âgés pour coloniser des planètes, c'est l'inverse qui est logique. Deuxième niveau : le saiyen est envoyé en étant bébé, il n'a pas été éduqué, mais surtout il doit encore grandir avant d'être capable d'envahir la planète, les saiyens disent que Kakarotto peut envahir la Terre en quelques mois, mais ils ne comptent pas le fait qu'il va falloir attendre qu'il ait l'âge adulte, période pendant laquelle il peut d'ailleurs se faire tuer. Troisième niveau d'absurdité : le saiyen perd le contact avec les siens, c'est en tout cas ce qui arrive à Kakarotto, aucun contact radio par son pod, il n'a même pas conscience qu'il est arrivé ainsi sur Terre, le pod peut marcher ou ne pas marcher, le grand-père Son Gohan ne l'a pas vu et Kakarotto l'a oublié. Et si le pod tombe aux mains des humains, le saiyen peut être repéré bébé quand il est facile à vaincre. Quatrième niveau d'absurdité : Kakarotto n'est devenu capable de vaincre les humains que parce qu'il a intégré en tant qu'humain la force de l'oozaru face à Piccolo daymao. Kakarotto en humain doit être plus fort que Raditz, Nappa et Vegeta qui n'ont pas cet avantage-là. En combat singulier, il ne peut être vaincu qu'en oozaru. Mais ce n'est pas tout : Goku a eu des entraînements intensifs par Tortue Géniale, Maître Karin et enfin par le Tout-Puissant. Sans ces entraînements, il serait loin de la force qu'il a. En comparaison, Vegeta et Raditz mettent des années dans l'espace sans s'entraîner pour coloniser des planètes. Bref, l'histoire du bébé faible envoyé sur une planète pour la conquérir facilement est illogique à mort, dans l'absolu comme dans le cas de Goku.

davidson
6
Écrit par

Créée

le 18 nov. 2020

Critique lue 172 fois

1 j'aime

davidson

Écrit par

Critique lue 172 fois

1

D'autres avis sur Dragon Ball Z : Le Père de Songoku

Dragon Ball Z : Le Père de Songoku
Sharnalk
9

Premier TV Spécial et quelle réussite !

Ah en voilà un joli chef d'oeuvre du scénariste Takao Koyama. Soyons clair, cet homme est capable du pire comme du meilleur. Rappelons-nous dans les films Saint Seiya, la poursuite de Seiya et Ikki à...

le 1 oct. 2013

14 j'aime

9

Dragon Ball Z : Le Père de Songoku
Julien4041
9

Critique de Dragon Ball Z : Le Père de Songoku par Julien4041

En tant que grand fan de l’univers Dragon Ball et plus particulièrement de Dragon Ball Z, il me tenait à cœur de faire cette petite critique sur ce qui est pour moi le meilleur animé /OAV de la...

le 12 nov. 2024

13 j'aime

Du même critique

Ranking of Kings
davidson
9

Un animé intemporel d'exception !

J'ai vu neuf épisodes et je ne sais même pas combien il y en aura en tout, mais l'animé vaut vraiment le détour. Ousama est le fils de deux géants, mais il est minuscule, et en plus sourd et muet. En...

le 11 déc. 2021

9 j'aime

Rent-a-Girlfriend
davidson
1

Pas drôle et pseudo-sérieux

L'argument de la série, c'est de jouer sur le fait qu'un garçon est en couple avec une très belle fille, et qu'ils sont tous les deux forcés de jouer le jeu. Les événements qui surviennent les...

le 14 août 2020

8 j'aime

13

Dororo
davidson
7

Un remake raté pour les 50 ans de la série originale, sauf sur un point !!!

EDIT : je vais retoucher un peu ma critique apres le dernier episode. Au fil des episodes, il est clair que ce que j'ai dit des le depart s'est impose a toujours plus de spectateurs. La serie...

le 25 mars 2019

8 j'aime

3