À l’échelle de la licence Dragon Ball, 1994 fut l’année du Broly : en effet, deux suites au premier long-métrage lui étant dédié parurent quasiment coup sur coup, entérinant de la sorte la légende du Super Saiyan Légendaire… chacun à leur manière. Car sitôt ses origines contées au gré d’une défaite cuisante, toute la question était de savoir comment le ramener sur le devant de la scène : dans le cas de Rivaux dangereux (ou Le Retour de Broly), c’est au moyen d’un habile… non, attendez, c’est tout le contraire en fait.
Donc, reprenons : le scénario de Takao Koyoma se sera contenté du strict minimum en sauvant Broly de la destruction de « Vegeta » et en le conduisant sur Terre où, par le plus grand des hasards, la glace va l’emprisonner quelques temps. Puis, par le plus grand des hasards (encore lui), la triplette Trunks, Son Goten et Videl va malencontreusement tirer le titan de son sommeil réparateur au détour de leur quête des Dragon Balls : oups ! Convenons donc que c’est diablement léger, ce qu’est de toute façon le film dans son ensemble, le cœur de sa courte durée consistant en une bataille ardue pour nos héros.
Toutefois, Rivaux dangereux parvient paradoxalement (car dépourvu d’une intrigue à proprement parler) à mieux s’en tirer que son aîné, lequel tirait sur la corde pour faire durer un massacre unilatéral. Primo, la bêtise enfantine des deux saiyans terriens, conjugué à la cruauté jouasse de Broly, lui permet de meubler convenablement le divertissement, repoussant alors de son mieux le couperet final. Secundo, l’absence de Son Goku, frustrante de base, lui confère curieusement un regain d’identité où tout un chacun regrettera son absence (personnages et spectateurs compris, pour des raisons diverses).
Tertio, et c’est certainement le point le plus important : Son Gohan supplée à la perfection son défunt paternel, tandis que l’animation du film, en l’état supérieure à celle de Broly, le super guerrier, va nous gratifier de séquences plutôt dantesques : en dépit de tout le désespoir qu’instillera la puissance insurpassable de son antagoniste, le suspense s’avère ainsi au rendez-vous, et nous dégustons avec appétit chaque coup, rayon d’énergie et autres techniques typiques de l’exercice. Dès lors, résumons en disant que Rivaux dangereux est résolument plus primaire dans son approche du personnage, où l’essentiel du récit est réservé à un combat croustillant d’un bout à l’autre.
Toutefois, nous plaidons coupable : sans la claque du générique (We Gotta Power, c’est de la nostalgie à l’état pur) ou le poids significatif des souvenirs, le long-métrage Shigeyasu Yamauchi ne prétendrait pas à grand-chose d’autre. Mais que voulez-vous, Dragon Ball mérite bien quelques passe-droits.