Dragonnet
Après deux premiers épisodes fort différents mais très réussis, la saga Hannibal Lecter chute de plusieurs niveaux avec la sortie de ce "Red Dragon" qui m'a clairement déçu. On se sert du prétexte...
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le 4 mai 2015
11 j'aime
Je me résous, après toutes ces années sur Senscritique, à écrire enfin sur Dragon Rouge de Brett Ratner, sorti en 2002 d'après le roman de Thomas Harris. J'en ai un souvenir plus présent que la première version de Michael Mann, me rappelant avoir assisté, au début des années 90, à une soirée spéciale Silence des Agneaux avec Le Sixième Sens en seconde partie ! Le film multi oscarisé de Jonathan Demme l'avait éclipsé de ma mémoire, ce n'est que bien plus tard que j'y replongeais, réalisant qu'il était plus subtil, voire meilleur que cette version signée Ratner, qui pourtant creuse davantage le mythe.
Avec un pseudo comme le mien, on pourrait s'attendre à ce que j'encense ce film, mais je vais être finalement sévère. Adapter le Dragon Rouge après l'excellent ManHunter de Michael Mann et passer derrière le Silence des Agneaux n'était pas chose facile. L'échec d'Hannibal, par un Ridley Scott peu à l'aise avec le sujet, permettra, dans une certaine mesure, d'apprécier celui-ci. Anthony Hopkins, Harvey Keitel, Edward Norton et Ralph Fiennes ne sont pas désagréables, d'excellents choix de casting d'ailleurs, mais le problème majeur est d'avoir voulu en faire un préquel pour Hannibal un peu trop prononcé, plutôt qu'un film réellement centré autour de Will Graham et Francis Dolarhyde, le Dragon Rouge ! ou Tooth Fairy pour ses merveilleuses prothèses dentaires...
William Blake peintre et poète réalisa entre 1805 et 1810, une série de quatre aquarelles du Grand Dragon Rouge:
The Great Red Dragon and the Woman Clothed in Sun, pour deux d'entre elles, The Great Red Dragon and the Beast from the Sea et The Number of the Beast is 666.
Il créa une centaine de peintures pour illustrer des livres de la Bible, et notamment le Grand Dragon Rouge de l’Apocalypse, dont Dolarhyde, notre tueur, voue une admiration sans limite. Ce dernier est également technicien de montage et choisit ses proies en fonction des films sur lesquels il travaille, ce qui, pour l'anecdote, m'a donné cette idée d'avatar !
Dolarhyde, possédé, appose des miroirs brisés sur les yeux de ses victimes, afin qu'il puisse admirer sa transformation. Lorsqu'il commet des meurtres les soirs de pleine lune, des familles ou des couples en particulier, c'est pour devenir un peu plus ce Dragon Rouge, dont il voudra se débarrasser par la suite, au point de dévorer une de ces fameuses aquarelles au Musée de Brooklynn, dans une scène qui, à mon sens, est la plus marquante du métrage ! Edward Norton est assez convainquant en profiler aux dons surnaturels, le film échoue cependant à transcender réellement son public, à nous immerger dans la tête du tueur, il y avait tellement à faire avec ce personnage. On lui propose une Reba McClane, aveugle au cœur tendre, assez fade, on aurait préféré qu'elle termine dans l'assiette de Hopkins ! La série Hannibal offrira un troisième regard avec Richard Armitrage, le développant sur quatre épisodes représentant chacune des aquarelles.
Le coté démonstratif et frontal de Ratner, réalisateur efficace mais scolaire, nous prive de cette atmosphère envoûtante et mystérieuse que distillait Michael Mann. Il apporte néanmoins suffisamment de rythme à l'intrigue et développe d'autres facettes, notamment la partie concernant Hannibal. Dino De Laurentiis a probablement influencé les scénaristes pour faire la part belle à Hopkins, s'écartant du récit. La mise en scène et la photographie manquent de personnalité, pourtant, c'est toujours Dante Spinotti derrière la caméra. Agrémenté par la musique de Dany Elfman, le ton grandiloquent prête parfois plus à sourire qu'à nous faire peur.
Dommage, mais on retiendra quand même la fameuse scène du tatouage où Ralph Fiennes donne vie au Dragon, ou encore, les talents culinaires de Lecter, son goût pour la musique classique et sa manière de recevoir les convives... Et bien oui, ce n'est pas moi l'amateur de ris de veau à la framboise agrémenté de cœurs d'oreilles humaines au poivre, mais bel et bien ce gourmand d'Hannibal qu'on promène comme un animal enchaîné dans une salle obscure où il fait des cercles pour sa promenade habituelle, prêt à mordre à la moindre occasion...
Difficile donc pour votre serviteur de mettre une note objective, ce sera un 6.66, le nombre de la Bête, arrondi à 7...
-"Hannibal, quel est donc ce divin amuse-bouche ?"
-"Si je vous le disais, j'ai peur que vous n'y gouteriez pas..."
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le 5 janv. 2021
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