Dragon Tiger Gate par 0eil
La scène d'ouverture envoie quand même grave : on y découvre un type surnommé Tiger (fuck yeah, monsieur), et qui semble capable d'envoyer ad patres de nombreuses personnes, le tout en leur laissant régulièrement sur le front (et d'autres parties du corps) l'empreinte durable de ses baskets. Jusque là, j'adhère. Et puis, allez, quatorze secondes plus tard, je n'adhérais déjà plus : le film, normalement, raconte l'histoire de la "Dragon Tiger Gate", une école de Kung Fu "de la rue", créée pour apprendre aux démunis l'art ancestral du Kung Fu. Les deux fils d'un des fondateurs, j'ai nommé Dragon et Tiger (oui monsieur) ont été séparés durant leur enfance, lorsque Dragon, pour une raison qu'on ne s'explique pas (ni vous, ni moi, d'ailleurs) quitte l'école. Dès lors, une secte absolument kitchos décide de donner une médaille à un des gangs qui dirige la ville afin de... quoi, vous ne voyez pas le rapport ? Moi non plus, mais l'ouverture en parle, je vous le rapporte. Donc, une médaille qui est un permis de travail pour pouvoir toucher les bénéfices des affaires frauduleuses. Ca n'a aucun sens, je sais. Le héros, donc, Tiger, vole par pur hasard cette médaille (je précise et insiste : il la vole vraiment par hasard) et se retrouve avec le garde du corps d'un des parrains, le dénommé Dragon, aux fesses pour récupérer l'objet.
Oh mais... attendez, ce ne serait pas son frère ?
Vous l'avez compris, une fois passé la délirante baston du début, le reste devient une soupe assez incroyable de romance, d'idéaux gnangnans, de réflexions cucul et de scènes de dialogues qui s'enchaînent parfois même sans l'ombre de la cohérence pour veiller à ce que le spectateur n'ait pas l'impression qu'il ne s'agit que d'un amoncellement de sketchs (trop tard, on a réellement cette impression). En plus, ce n'est pas comme si les personnages vendaient du rêve : entre le look indigent et les coupes de cheveux, on attend presque de Dragon (Donnie Yen) à ce qu'il passe la plupart de son temps à écouter Indochine en hurlant que le monde est injuste. Et pourtant, le véritable personnage central, c'est lui ! Vous allez manger son froncement de sourcils pendant toute la durée du film, jusqu'à l'incroyable scène où il se fait péter deux côtes et part mourir seul et déboussolé dans un champs de blés (la scène vaut son pesant de cacahuètes, cela dit !). Le pire étant atteint lors des flashbacks, concentrés crétins de répliques stéréotypés (la mère qui dit, totalement gratuitement, à son gamin de huit ans : "Quand tu reviendras à l'école, tu auras accompli de grandes choses" ou comment dire à son fils qu'on le désinscrit pour l'envoyer bosser dans les champs !). Les acteurs enfants jouent si mal que c'est un bonheur de les voir boiter faussement ou déclamer "tu es mon frère, je te protégerai toute ma vie !" et très franchement, le contenu des flashbacks est si abruti que je pense qu'on aurait pu s'en passer (petit spoiler : la jolie nana qui n'arrête pas de dire à Dragon qu'il l'a sauvée et qu'elle est sienne à présent - nana qu'il ne baise pourtant pas et qu'il touche à peine, vierge effarouchée qu'il est - on découvre, dans un flashback, la façon dont Dragon lui a donc sauvée la vie par le passé... j'ai beaucoup ri quand la caméra montre donc une fillette pendue à une branche à deux mètres de hauteur et un garçonnet criant "lâche, je te rattrape" ! putain mec, à la vie à la mort, maintenant !).
Voilà. Quelques combats pas trop mal - c'est-à-dire, trois - , pour un concentré de bêtise qui s'étale tout le long du film et devient très largement une espèce de marque de fabrique traîné sans motivation par l'ensemble des acteurs qui n'ont pas l'air de trop mentir quand leurs personnages réclament du combat. Piouh, la douleur !