Une suite complémentaire et réussie, que demander de plus...
Chose dite, chose faite, j’ai chaussé voilà peu mes diaboliques lunettes 3D à l’occasion de How To Train Your Dragon 2, l’escompté nouveau grand succès de chez DreamWorks ; le premier du nom étant en effet une petite pépite du genre, cette suite avait de quoi susciter un engouement certain chez les fans de la première heure, ou même les conquis de dernière minute (moi en l’occurrence).
Le canadien Dean DeBlois, une fois de plus à la réalisation (précédemment en duo avec Chris Sanders), hérita donc de la lourde tâche de faire de Dragons 2 le digne héritier de son illustre aîné, et par la même occasion de rassurer sur le devenir prometteur d’une saga encore à ses débuts (une tétralogie étant annoncée, on espère que le qualitatif primera malgré tout sur le quantitatif).
Mais trêve de digressions, et si je pourrai m’en tenir au fait que Dragons 2 est une réussite irréprochable ou presque (résumé flemmard), impossible toutefois de ne pas dresser une comparaison avec son prédécesseur, afin de détailler plus pertinemment l’évolution opérée entre ceux-ci (alors différents sur plusieurs points, notamment en terme d’efficacité).
Bien entendu on ne s’étonne pas de retrouver les habitants de Berk changés, à commencer par la génération "Harold", tous étant devenus de jeunes adultes (5 années séparent les deux intrigues) ; et si une fois encore le soin apporté à la profondeur des personnages est certaine, il advient que le traitement de ces derniers parait moins approfondis, et ce au même titre que les thèmes abordés.
Non pas que Dragons 2 fasse preuve d’une déplaisante superficialité, mais l’ambiance poétique du premier volet est ici bien moindre, tandis que même l’humour se veut moins percutant comme plus rare.
Dès lors, si une suite fait moins bien que l’original au regard des critères ayant fait son succès, il semble difficile que celle-ci rencontre l’approbation de ses amateurs… pourtant Dean DeBlois et son équipe y sont parvenus.
Et avec la manière. Car le coup d’éclat réalisé ici tient en le fait que Dragons 2 est d’abord un opus complémentaire, primordial au bon développement d’une tétralogie s’annonçant grandiose ; si le film premier s’inscrivait dans la lignée des tous meilleurs longs-métrages d’animation, le second quant à lui confère à la saga des moyens à la hauteur de ses ambitions, celle-ci apparaissant comme unique au sein de la rivalité Pixar/DW.
En ce sens, l’envergure inédite du film se veut bluffante, les contours flous d’un univers des plus riches ne manquant pas de s’éclaircir au fil d’une trame foutrement prenante ; il y a donc une portée scénaristique bien plus marquée, fort d’enjeux dépassant largement le cadre des questionnements identitaires d’Harold, à ceci près que ceux-ci ne sont pas pour autant laissés au placard.
L’introduction de Valka est sur ce point l’une des grandes forces du long-métrage, alors couplée au développement d’un Stoïk fortement attachant (les séquences des retrouvailles et du chant sont d’une justesse émouvante) ; l’ambiance se veut néanmoins globalement plus sombre qu’à l’accoutumée, du fait de thématiques (certes plus directes et frontales) placées sous le signe de l’épique et du guerrier, l’élément perturbateur principal apportant avec lui flash-backs surprenants et affrontements de grandes ampleurs.
Cependant, si Drago bénéficie d’un design des plus sympathiques, son manque d’approfondissement et d’originalité font de lui un grand méchant classe mais au final peu marquant.
On retient donc avant tout du long-métrage les éléments d’intrigue entourant le personnage de Valka, à commencer par le triangle de relations qu’elle forme avec Harold et Stoïk, et assurément les nombreuses extensions apportées à un univers des plus fascinants (les dragons nous dévoilant quelque uns de leurs mystères).
Enfin, comment ne pas citer la prouesse technique qu’est Dragon 2 ? Sur la forme aucun doute possible d’ailleurs : celui-ci supplante son pourtant superbe prédécesseur d’un point de vue visuel, tant la claque, caresse (ou que sais-je) prodiguée à la rétine est d’une force (ou douceur) sans nom ; humains comme dragons sont donc plus que jamais parfaitement portés à l’écran, et que dire des batailles dantesques et autres vols jouissifs faisant du long-métrage une œuvre ni plus ni moins renversante.
Sur ce, deux derniers propos avant de conclure : la mort d’un protagoniste phare aurait mérité peut-être mieux, tandis que l’affrontement final est d’une intensité incroyable (à noter un élément visuel rappelant un gros lézard cracheur de feu nucléaire).
En conclusion Dragons 2 a beau se vouloir plus classique et divertissant que le premier volet, il n’en reste pas moins que l’essence même de ce dernier n’est pas inexistante, au contraire (l’évolution d’Harold subsiste au cœur du récit) ; la réussite présente consiste donc en une évolution certaine et bienvenue d’un univers ne demandant qu’à être encore et encore exploré, et dont l’excellence visuelle n’aura pas manqué de nous éblouir.
Certains resteront sans doute sous le charme délectable et poétique d’un Dragon alors étonnant au sein du domaine de l’animation, tandis que d’autres lui préféreront sa spectaculaire suite… pour ma part, on tient là deux volets brillant d’une complémentarité folle, aussi aurai-je plutôt tendance à les placer sur un pied d’égalité, tout en espérant le meilleur concernant le troisième volet.
Vivement !