A la fin de la séance, forcé de faire ses adieux, le spectateur est sous le coup de l'émotion.
Au rythme du générique qui égrène quelques unes des images les plus marquantes de la meilleure série DreamWorks, il se dit qu'il n'a pas regardé, à intervalle régulier, trois films, mais bel et bien trois épisodes d'un tout étonnamment cohérent centré sur l'évolution constante de ses personnages. Tour à tour innocent, plus sombre comme une amitié mise à l'épreuve, puis mature, l'univers de Dragons s'est montré toujours aussi inventif, spectaculaire, fouillé et animé d'un petit coeur ému.
Dragons 3 : Le Monde Caché, c'est la même chose.
Sauf qu'il perpétue son univers à contrepied des attentes classiques relatives à la naissance d'une seconde suite.
Car en effet, il échappe à toute espèce de surenchère.
Oui, il y aura moins d'action dans ce Dragons 3. Moins de spectaculaire. Moins de séquences de vol incroyables ou d'affrontements avec des milliers de reptiles fabuleux à l'écran. Dean DeBlois préfère de loin faire le point sur les personnages qui lui tiennent à coeur et leur évolution. Tout comme l'évolution de cette amitié.
Il y aura bien le lot de séquences percutantes, dont ce final un poil trop court. Il y aura bien quelques superbes percées à travers les nuages. Mais ce Monde Caché évoluera comme s'il était en sourdine, sur un mode beaucoup plus intimiste que les précédents. Et c'est sans doute cela qui fait tout son charme.
Montré plus d'une fois comme un miroir du premier film, Dragons 3 s'appuiera ainsi non sur son sens spectaculaire, mais sur des scènes navigant entre drôlerie et poésie, à l'image d'une parade nuptiale qui décrira un Krokmou hésitant et inexpérimenté, ou encore cet envol en duo d'une beauté fulgurante. Sans compter la découverte d'un nouveau décor fourmillant et scotchant.
Dragons 3 : Le Monde Caché dépasse ainsi les évidences de sa facture technique irréprochable, sa beauté et sa mise en scène inspirée pour se focaliser sur les difficultés du passage à l'âge adulte. Qui balance, pour Harold, entre l'abandon de son utopie enfantine et la nécessité de lâcher la bride d'une amitié exclusive et dévorante, comme s'il s'agissait de faire le deuil d'un enfant qui quitte la maison. Faire un pas de côté. S'effacer pour permettre à l'autre de voler de ses propres ailes.
Et même si l'issue de ce Dragons 3 était inévitable, se retrouver devant, animée par le propos d'un réalisateur entre mélancolie et bienveillance, procure de drôles d'impressions. Car on a envie de suspendre ou de retenir le déroulement de ces dernières minutes afin que la franchise ne prenne jamais réellement fin. Alors même que les doux éclats d''un feu d'artifice d'émotions remplissent soudainement la poitrine.
Comme si Miyazaki était passé par là.
Et l'on se dit, entre vague à l'âme et satisfaction d'avoir été témoin d'un spectacle qui nous a pris par surprise, que Dragons s'est élevé, presque neuf années durant, dans la stratosphère animée des plus beaux sentiments irradiant une amitié des plus touchantes et émouvantes.
Behind_the_Mask, Under your spell ♫.