A nouveau aux commandes de la meilleure saga d'animation au monde, Dean DeBlois a tôt annoncé qu'il s'agirait du dernier opus. Très vite, les rumeurs vont bon train : au terme de How to Train your Dragon 3 les dragons quitteront pour de bon le monde des humains et on pleurera toutes les larmes de nos petits corps tremblants. Rumeur confirmée par DeBlois lui-même, en profitant au passage pour donner un sous-titre à cette sequelle : The Hidden World.
Alors on entre dans la salle et on se prépare une petite réserve de mouchoirs, car déjà le 2 avait atomisé nos glandes lacrymales, alors qu'est-ce que ça va être ?
Au final, How to Train your Dragon - The Hidden World est moins riche en émotion que son prédécesseur. Si la scène des adieux remplit parfaitement son rôle, il manque au film l'audace du deuxième qui misait sur une émotion exacerbée à plusieurs reprises, faisant mouche à chaque fois.
Non, le 3 va explorer quelque chose de plus fin, de plus intellectuel, peut-être et c'est tant mieux.
How to Train your Dragon trouvait son discours à hauteur de la cellule familiale, How to Train your Dragon 2 explosait cette limite en parlant de l'Histoire avec un grand H, How to Train your Dragon - The Hidden World doit également transcender ses limites, et va parler de Grands Mythes. Puisque manifestement les dragons doivent quitter la terre, ils vont accéder au rang de mythe et de légende.
Aussi le film aborde des thématiques plus vastes et générales que ses prédécesseurs, mais va le faire en prenant soin d'installer des duos et des duels qui se répondent et se font echo.
Beaucoup d'éléments du film vont par deux. Hiccup et Astrid / Hiccup et Toothless / Toothless et la Light Fury / la Light Fury et Grimmel / Grimmel et Hiccup... ces duos ont des points communs ou des actions à accomplir ensemble : devenir un Roi respecté, convoler en justes noces, se délier de la méfiance ou la haine de l'autre race... Il est intéressant de voir que le méchant de cette histoire n'est pas un gros monstre ni un tyran sanguinaire. Grimmel est le négatif de Hiccup, sa Némésis. Tous deux ont eu affaire à une Night Fury et ont fait un choix qui a inexorablement séparé leurs voies. De même, la Light Fury a une haine atavique des Hommes, non sans raison, et se trouve donc littéralement le négatif de Toothless.
Leur affrontement final démontre que l'empathie de Hiccup a eu raison des barrières entre les peuples, et que là ou Grimmel n'a que soif de mort, la Light Fury apprend à faire la part des choses et c'est ce qui sauve Hiccup.
A ces thèmes s’ajoute un élément encore plus large, vu qu’il va englober la trilogie entière : l’ensemble du récit est en effet une Odyssée de Toothless, un retour au bercail mouvementé. Après avoir interrompu sa vie de Dragon pour partager la vie des Hommes, il est rappelé par les circonstances à sa terre natale, non sans avoir appris à devenir lui-même. S’il embrasse sa nature dragonne, il conserve ce qu’il a appris auprès des hommes, même si ça fait de lui un être bizarre et imprévisible ( comme en témoigne la géniale scène de séduction à la Cyrano de Bergerac ! )
Aussi les échos et résonances vont aussi se faire sur les autres épisodes, comme la scène du dessin sur le sable, ou la main sur la truffe...
Cette dimension mythologique, dont se pare How to train your Dragon - The Hidden World, aboutit évidemment à un traitement iconique de ses composants. Et là on est servi. Le film fait passer ses prédécesseurs pour d’aimables gribouillages. L’eau, le feu, le sable ( bon sang le sable !! ) et des plans larges avec des milliers d’elements ainsi qu’un sympathique plan séquence de bagarre au début... l’image est soignée comme jamais, et la 3D prend une fois encore soin de magnifier les scènes de vol.
How to Train your Dragon - The Hidden World achève la trilogie avec grâce et un parfait sentiment d’apaisement. Dean DeBlois a déclaré s’arreter là, espérons que Comcast ( qui a racheté Dreamworks Animation ) ne pondra pas un 4 tout pourri pour quelques dollars de plus.