JF partagerait appartement.
Jusqu'où iriez vous pour l'appartement de vos rêves ? Ici c'est le sujet du « débat », si l'on peut l'appeller ainsi, et cette oeuvre Made In Hong Kong va tenter de répondre, à sa manière, à la question.
Cheng Lai (Josie Ho), une jeune femme qui cumule les emplois pour acheter l'appartement de ses rêves, voit celui-ci s'envoler après que les prix aient grimpé en flèche. Bien décidée à l'acquérir et y emmener son père pour qu'il y vive ses derniers jours, elle se mettra à tuer un par un les résidents de l'immeuble afin d'en faire chuter le prix.
Si l'idée pouvait s'avérer amusante, son traitement l'est beaucoup moins. On ne sait pour quelle raison, Ho-Cheung Pang, le réalisateur, nous tronçonne l'oeuvre de manière un peu laborieuse et décousue, faisant se côtoyer deux timelines, ce qui aurait pu être intéressant, mais au lieu de cela le fait progresser comme un escargot boiteux, qui plus est maculé de scènes mollassonnes et autres flashbacks soporifiques.
On sent l'inspiration du slasher à la sauce ricaine, riche en barbarie, plans nichons et fumeurs de joints, mais il n'y a pas à faire, ça ne passe pas, le réalisateur ne trouvant jamais réellement ses marques, et hésitant constamment entre un genre ou l'autre, tantôt dramatique et tantôt grand guignol saupoudré d'humour con. Imaginez qu'on vous mélange Freddy et Raison et sentiments — y'a de quoi tirer une drôle de gueule. Du coup on s'ennuie un peu, et l'on serait presque tenté de faire avance rapide entre chaque séance de boucherie. D'ailleurs c'est dans ces séances que le véritable intérêt du film résidera, nous offrant des meurtres particulièrement cruels, souvent inédits, et prêtant à sourire, comme un étouffement à l'aspirateur ou encore l'éventrement d'un type qui continuera tranquillement à fumer son joint, malgré qu'il ait les tripes à l'air.
Manque de bol, le scénariste se plante dans ses calculs, le prix de 6,5 millions de dollars pour l'appartement, financé à 70% par la banque, ne fait pas du 18000$ par mois pendant 30 ans, mais très exactement 12639. Ça peut paraître être une broutille, mais il est exaspérant de voir des scénaristes prendre leurs spectateurs pour des débiles profonds, et ça n'est pas le meilleur moyen de s'attirer les faveurs du public.
Bref, Dream Home est un film un peu chiant, probablement car pendant ses 45 premières minutes il ne se passe quasiment rien, hormis une strangulation durant un interminable générique. La seconde partie sauve in extremis les meubles, nous fournissant un déluge de scènes gores, arrivées un peu tard, mais malgré tout présentes, et surtout jouissives. Pang a effleuré le slasher-movie de qualité, qui possédait pourtant une base sympathique, et ce à cause d'une constante hésitation entre les genres. On sent un potentiel, mais le monsieur a prouvé durant sa carrière qu'il était bien plus doué dans la maîtrise du genre dramatique, notamment avec Isabella ou Love in a puff. Autre point noir, le film nous rappelle furieusement un thriller français, Le couperet, avec José Garcia, dont la base était assez proche.
Pour conclure, les amateurs de slasher-movies resteront sur leur faim, n'ayant été servi que de la moitié des tripes qu'ils avaient commandé. Les autres n'y verront là qu'un défouloire bancal, possédant de bonnes idées, mais ayant l'air de se promener sans vraiment avoir de but.
Mention spéciale pour Josie Ho, qui assure aussi bien son côté fille fragile que tueuse en herbe déterminée à avoir ce qu'elle veut.