Ce qui m'énerve, c'est que dans la plupart des critiques que j'ai lues, on cherche toujours à comparer ce remake avec le Judge Dredd de 1995 avec Stallone, en disant que ça le surpasse et que ça le fait oublier... mais arrêtons cette litanie ridicule ! ça n'a rien de comparable, il faut comprendre que la version avec Stallone, c'était du pas sérieux, du second degré, avec une sacrée dose d'humour parce qu'en 1995, le public n'était peut-être pas encore prêt à recevoir tant de violence et de propos réacs, le studio avait préféré édulcorer considérablement le sujet pour plaire à un public large et pas qu'à un public de geeks ; je me souviens d'une interview de Stallone qui déplorait justement ce choix et qu'il n'avait pas pu faire tout ce qu'il voulait avec le personnage. Mais dans ce choix contestable, le film était quand même sympa et distrayant.
Dans cette version, c'est une autre affaire, c'est carrément du premier degré, il y a un net respect plus proche du comics, déjà le personnage garde son casque pendant tout le film, on ne voit jamais la tronche de Karl Urban (même si on aurait souhaité qu'il l'enlève à la fin pour saluer Anderson, mais bon c'est ainsi, respect OK...), alors que Stallone devait être identifié, star-system oblige. L'ambiance et le concept, les décors, le ton semblent aussi très fidèles à l'esprit du comics, et le personnage de Dredd en lui-même est conforme, il n'a aucune émotion, semble mu comme une mécanique, a un respect de la loi et l'ordre (il place d'ailleurs cette réplique inhérente au comics) et son visage ne s'exprime qu'à travers des moues et une grosse voix virile, c'est peu, mais Urban s'en sort fort bien pour traduire tout ça.
Le scénario n'est guère original, 2 juges se font coincer dans un gigantesque immeuble tout pourri, et ils doivent rivaliser d'astuce et de burnes pour en sortir. D'ailleurs ça a un peu l'aspect d'un jeu vidéo ; pas que je m'y connaisse dans ce domaine, mais on dirait que Dredd et sa recrue Anderson doivent franchir des niveaux, dézinguer de la racaille et passer à un pallier suivant. Heureusement, le sentiment de huis-clos réduit un peu cet aspect.
C'est donc un film d'action qui permet de ne pas trop réfléchir, ça va droit au but, ça dessoude, ça décanille à tout va dans une ultra-violence implacable (puisque fidèle au comics), c'est ce qu'on veut et c'est ce qu'on nous offre, mais c'est pas si bourrin que ça, contrairement à ce que beaucoup clament, il y a également une vision intéressante d'un futur sombre et pessimiste. Le personnage de Dredd est contrebalancé par une certaine fragilité avec celui de la recrue Anderson qui éprouve un peu les émotions à sa place, et de ce côté, Olivia Thirlby s'en sort bien aussi, tout comme Lena Headey excellente dans son personnage de grande méchante, une badass girl comme on les aime.
Une série B bien foutue, que j'aurais pu noter 8/10 s'il n'y avait quand même un truc qui me dérange un peu : des effets de mise en scène un peu pénibles et surtout ces ralentis inutiles et fatigants... mais le film ne vise que la détente, et il y parvient sans mal. Je crois que c'est un DTV, décidément, j'avais déjà été séduit par Outlander le dernier Viking qui en était un aussi, comme quoi on peut avoir de très bonnes surprises et sortir moins déçu qu'avec certains blockbusters vus en salles.