Du comic-book original, je ne connais que la réputation et quelques dessins. Du film avec Stallone, je n'ai gardé que des souvenirs brumeux tels qu'un Rob Schneider insupportable et un Stallone tombant vite le casque. C'est donc avec un oeil relativement neutre que je me pose devant cette nouvelle adaptation.
Précédé d'une post-production chaotique (Pete Travis aurait été éjecté du montage final) et d'un flop retentissant aux USA, expliquant en partie sa sortie directement en DVD / Bluray chez nous, "Dredd", shooté par le réal du bof bof "Angles d'attaque" et scénarisé par Alex Garland, auteur entre autres de "La plage" et de "28 jours plus tard", ne partait pas avec les meilleures cartes en main.
Et pourtant, force est d'admettre que le produit fini s'avère plutôt recommandable, si l'on met de côté un budget visiblement insuffisant, quelques effets kitsch (les motos, franchement...) et un final vite expédié. A l'image du récent "The raid" (on ne va pas dire qui a copié qui, ça ne servirait à rien), "Dredd" concentre son récit sur une durée courte (à peine une heure et demie), piégeant ses héros dans un immeuble complètement pourri remplis à ras-bord de camés. Une approche héritée du jeu vidéo qui a fait ses preuves, positionnant le film de Travis comme une relecture de "Rio Bravo" ou de "Die Hard", avec un soupcon de "A toute épreuve" et de "Robocop 2" pour sa violence décomplexée.
On se retrouve du coup avec une série B certes perfectible mais assurant niveau spectacle, offrant son lot de séquences musclées et plus d'une fois gores, bénéficiant d'une mise en scène soignée à défaut d'être innovante, même s'il faut reconnaître que les plans en slow motion, censés représenter l'effet des drogues, sont de toute beautée et limite inédits.
On saluera également le casting, en premier lieu Karl Urban, éternel second rôle souvent moqué pour son manque de charisme mais qui s'avère ici impeccable dans le rôle-titre et qui a le mérite de ne jamais montrer son vrai visage. A ses côtés, Olivia Thirlby s'avère un side-kick étonnament utile et Lena Headey parvient enfin à utiliser son manque total d'expression à son avantage. La Cercei de "Game of thrones" compose une "méchante" mémorable même si l'on regrettera sa chute un peu facile.
Contre toute attente, "Dredd" rempli donc son contrat et s'avère un divertissement efficace et burné à défaut d'être inoubliable, et aurait mérité une sortie dans nos salles. Si les producteurs avaient envisagé deux suites, on peut malheureusement faire une croix dessus.