Mon nom est Dredd. Judge «Bulletproof » Dredd. Je suis le juge, le jury et surtout le bourreau. Mais je suis surtout un poète. Personne d'autre que moi n'arrive à faire rimer entrailles avec tripailles, enflures et fractures, couilles et douilles. Ma poésie est faite de vers fracassés, de pieds dans l'entrejambe, d'alexandrins monosyllabiques, d'hémoglobine verset et de truands sonnets.
Dans cette tour monolithe, tous sont mes ennemis. Je me traîne une mutante blondasse, plus fade qu'une portion de protéines en cube. Elle veut changer les choses dans cette cité inamovible. Elle ne s'est jamais demandée si les habitants voulaient que ça change.
Une fois avalé par la masse d'acier, je deviens musicien. J'excelle dans les silences expressifs. Je distribue des doubles croches de mandales, des croches en rafale, des rondes incendiaires. En face, il ne reste que des soupirs, Pas de place pour les dièses et les bémols, je compose sur le même ton, les adversaires finissent toujours au Sol.
Ce bâtiment, tombeau des hors la loi, exsude à chaque plan. Couleurs extasy, tempo dilaté, lumière crue, scénar' anorexique, je suis le pornographe du calibre .50. Mon ennemi est légion mais je suis invulnérable derrière mon bouclier de certitude. J'écrase, je punie, j'annihile. Le doute, je l'ai étranglé dans son berceau avec ma corde sensible.
Au sommet, de la tour et de mon art, je m'improvise sculpteur. Je façonne les corps, je modèle les âmes. Les chairs s'animent et se plient à ma volonté, autant les leurs que la mienne. Le marteau est ma volonté, mes poings le burin. Je n'ai pas de visage car je suis la justice aveugle.
Dehors. Encore un jour de passé. Je repars, seul. L'abnégation ne s'encombre pas de partenaire. Au loin, j'entends déjà l'appel de la loi et de la justice.
Mon nom est Dredd. Judge Dredd.