Sam Fuller traite ici avant tout de l'éducation forcée, de la sauvagerie inculquée de certains chiots par des abrutis, car l'héroïne ici récupère un "chien blanc", un de ces chiens dressés à coups de trique pour tuer du Noir ; un chien rendu raciste malgré lui par une brute raciste pour servir les desseins de la bêtise humaine, et donc un chien qui devient une victime fidèlement meurtrière soit, mais une victime d'abord.
Adapté du roman "White Dog" de Romain Gary, Fuller n'en garde que l'essentiel ; exit le côté philosophique et psychologique des comportements, de même que l'enquête policière qu'entrainent les attaques du chien blanc ne l'intéresse guère, même les victimes noires n'apparaissent que le temps d'être précisément des victimes, Fuller se concentre sur ce duel long et cruel entre l'homme et l'animal, et surtout sur le chien lui-même, sur sa violence féroce qui étrangement est montrée de façon quasi fascinante, voire perverse lorsque tue cet instrument aveugle forgé par la bêtise de l'homme. C'est d'autant plus effrayant quand on sait que le vrai propriétaire du chien est un bon père de famille.
Les scènes d'affrontements et de rapports de force avec le dresseur, un Noir, remarquablement incarné par Paul Winfield, sont sans doute les plus captivantes par leur aspect action et coup de poing émotionnel. Le dresseur fasciné par le défi de déprogrammer l'animal, d'extirper le mal inculqué, se sert du chien (comme Fuller) comme d'un instrument antiraciste, le film est d'ailleurs un brillant plaidoyer en cette faveur, de même qu'il condamne la cruauté envers les animaux, aidé par une mise en scène percutante et aux prouesses techniques.