Je suis de ceux qui adorent les blockbusters et les films à l'eau de rose. Tant qu'il n'y a pas d'explosions, d'action à la battleship ou une histoire bien romantique à la titanic, je me fais chier devant le film, je râle, j'en veux à l'univers de m'avoir fait choisir ce film. Ce soir, je choisis un film ajouté dans mes envies car mes éclaireurs l'avaient tous adorés, DRIVER. J'ai une petite hésitation lors des débuts du film, je me souvenais de Baby driver vu dans la semaine, film qui m'avait laissé un tout petit peu sur ma faim. J'avais peur d'avoir choisi le même film, peur de revoir du Baby driver version ancienne, avec le héros plus âgé, j'avais peur que ce film s'inscrive dans mes plus grandes déceptions...
Grande surprise: Ce film est d'une infinie beauté. Ryan Gosling incarne ce personnage magnifique, trouble, qui a de la compassion, qui a un esprit de vengeance. Gosling est la définition même de l'oxymore dans ce film dans lequel ses démons ont le même poids si ce n'est plus que ses bons côtés. Les scènes de silence participent au plus grand secret de ce film. Des scènes, longues, dans lesquelles nos héros Gosling et Mulligan échangent des regards, des sourires, mais aucun mot ou presque. Ces scènes sont divines car elles nous font plonger dans toute l'émotion dégagée par ce silence, ces arrêts. De plus, les musiques choisies pendant ces scènes multiplient toutes sensations que l'on pourrait ressentir. On entend presque les cœurs battre, les pensées les plus secrètes, cachées, les âmes converser. Pourtant, le noyau de ce film est très simple! C'est l'histoire d'un "driver" qui tombe amoureux dans un monde beaucoup trop cruel. Parce que sa dulcinée est déjà mariée, ensuite parce qu'il a un métier très dangereux. Ce noyau qui n'est pas du tout novateur a été majestueusement travaillé et construit par Refn...
Et la scène de l'ascenseur... C'est la scène la plus forte en émotion, suspense, stress. On assiste à une tension puisqu'on sait très bien qui est ce monsieur, ensuite à un baiser qui apporte de la douceur et de l'espoir. On se dit pendant ces quelques secondes que tout va bien, ce n'est qu'un mauvais cauchemar, ils ne sont pas destinés à souffrir... Puis à un massacre qui nous tire vers la réalité, qui nous fait perdre tout espoir en l'avenir, scène qui montre la pire facette de notre "driver", son pire démon sous les yeux de cette créature innocente,sa dulcinée. La fin de cette scène est dure, cruelle, horrible, lorsque notre "driver" tout essoufflé, en sueur, se retourne, croise pour la dernière fois le regard d'Irène (Mulligan), et les portes de l'ascenseur se referment.
Et là, on comprend tout de suite que c'est la fin du film, plus rien d'autre ne comptera car il vient de perdre celle qu'il aime. On comprend que la suite ne compte pas, ne compte plus. On n'a plus d'attache car notre héros ne va pas mener une bataille, mais juste se jeter sur un champ de mines. Le pire est passé, le reste ne compte plus. On voit notre "driver" dépourvu de tout bon sens, assouvir son plus grand désir de vengeance. La bête est entièrement libérée.
Bien que la fin m'ait totalement déplus, ce film reste un chef d'oeuvre et fait partie de mes plus grands bouleversements cinématographiques si ce n'est le meilleur. C'est avec beaucoup d'émotions que j'écris cette critique, ma première d'ailleurs.
Je l'ai écrite en écoutant Wrong Floor - Cliff Martinez OST, qui est une musique juste splendide qui transperce mon cœur.