Premier film de Refn que j'ai vu en octobre 2011, et j'ai enchaîné par la suite toute sa filmographie, comme un mort de faim. Une sacrée audace de proposer un film aussi personnel qu'indépendant en tête d'affiche des cinés Hollywoodiens tant le film se détourne des clichés du genre et se présente comme un hommage aux films noirs et aux ambiances des années 80-90.

Une scène d'exposition de toute beauté, qui peut paraître classique, mais cette mise en action du driver nous immerge intensément dans son univers. Refn nous installe directement sur la banquette arrière du bolide et nous fait ressentir à la fois l'ambiance froide et glauque de la ville et la force tranquille de ce personnage si énigmatique. Rarement on a ressenti dans une scène d'action ce sentiment d'immobilité glaçant, captivant, qui règne autour de cette séquence d'action.
Durant une bonne partie du film on alterne les moments de solitude du personnage baroudant dans la ville la nuit, les instants violents des petits mafieux de quartier et les instants d'émotions intenses entre le driver et la fille. Ce qui est incroyable c'est tous ces moments de silence dérangeants, ces échanges de regards passionnés qui en disent autant qu'un dialogue Tarantinien.. La scène de l'ascenseur (je confirme elle est époustouflante), nous balance à la gueule tous les sentiments possibles et imaginables que peut éprouver Irene à l'égard du Driver. L'éclairage sert parfaitement au lyrisme et la "poésie noire" de cette scène, le ralenti est parfaitement bien justifié. Bref une des plus belles scènes d'amour que j'ai jamais vues.

Même si des fois la mise en scène frôle le kitsch (les fondus enchainés, même si je trouve qu'ils contribuent à l'ambiance du film et à la psychologie du personnage, les travellings un peu too much (et encore c'est magnifique) qui me font penser à ceux de Park Chan Wook) elle n'en reste pas moins exceptionnelle : une photographie incroyable, les jeux d'ombres,de reflets de miroirs, de lumières et d'ombres à la manière d'un film noir, des ralentis somptueux et justifiés, un montage lent mais qui nous surprend par la cruauté et le réalisme des scènes d'actions. Bref y a de quoi faire une analyse pendant des jours et jours tellement la réalisation est riche et s'inscrit directement dans l'ambiance qu'a voulu retranscrire Refn.

Une histoire assez classique finalement, car la problématique se résume à 3 lignes sur un bout de papier : ça reste une histoire de règlement de compte qui va obligatoirement mal se terminer, mais le scénario et la psychologie des personnages ne sont pas en reste.
Le film ne reste pas en surface, il est très profond, et chacun de nous peut en tirer quelque chose. A noter également que ce film est clairement un hommage aux films de série B, et qui emprunte pas mal de clichés pour mieux les détourner (le père de famille taulard qui finalement se révèle être un bon père de famille, mais malheureusement rattrapé par son passé criminel, le Driver qui décide de l'aider malgré qu'il soit amoureux de la fille...)

Les acteurs sont excellents, c'est assez rare de voir des "super-héros" si profonds et peu ordinaires. Ca m'a vraiment fait plaisir que Bryan Cranston, l'un des meilleurs acteurs de toute l'histoire des séries TV (je suis un fanboy de Breaking m'en voulez pas ), et Christina Hendricks qui tient un excellent rôle dans Mad Men, fassent leur apparition pour un petit rôle au cinéma. Ils ont bien choisi leur film. Carey Mulligan est vraiment excellente, aussi bien que dans Shame. A noter également la Bande son magnifique style années 80, qui magnifie le tout. Le tube de Kavinsky est déja culte.

Tout ça pour dire, que ce film est un passage incontournable pour tout cinéphile qui se respecte. Un chef d'oeuvre du futur (ou déja) très grand Refn. J'adore.

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le 28 oct. 2012

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jejeninjaki

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