LA grosse surprise de l'année 2011. Un film intitulé Drive avec un pilote du genre beau gosse à l'affiche... autant dire qu'à sa sortie, je l'ai ignoré comme une pop-up sur un site codé en 2000. Mais la succession de deux miracles m'a amené à outrepasser mes a priori : le premier, qu'un ami me harcèle pour aller le voir ensemble sous prétexte que j'ai des préjugés à la con et que non non non Drive n'est pas un énième Fast-and-Furious-like, et le second, que je finisse par accepter de l'accompagner (et ce n'était pas gagné à 10 € la place !).
Drive, c'est l'histoire d'un mécano anonyme qui, la nuit, conduit des cambrioleurs sur le lieu de leur méfait, leur laisse une fenêtre de 5 minutes pour opérer, puis les aide à prendre la fuite. Mais en fait on se fiche un peu de son boulot, de jour comme de nuit, sur lesquels on passe très vite, ainsi que de la puissance du moteur de sa voiture. La caméra ne s'attarde pas sur la carrosserie de son bolide ou sur le brillant de ses jantes. Non, on se laisse saisir par la tension qui imprègne l'intérieur de la voiture. On serre les dents avec notre héros au sang-froid inébranlable (rôle qui fera la réputation de l'acting de Ryan Gosling...).
Cependant Drive, il ne faut pas l'omettre, c'est aussi une histoire d'amour. C'est là qu'intervient le tendre et doux personnage d'Irène. Elle est une courageuse serveuse qui fait face à la vie en élevant seule son jeune fils. Elle croise la route de notre ténébreux pilote à plusieurs reprises jusqu'à lui faire le coup de la panne. La première partie du film se concentre ainsi sur l'évolution de leur relation, qui a tout d'un conte de fée. Hélas, qui dit fiction dit élément perturbateur et deuxième acte. On assiste alors à la transformation du prince charmant en un monstre sanguinaire, prêt à tout pour protéger sa dulcinée, quitte à la terrifier à vie. Le monstre le sait, la belle fuit toujours la bête, sauf dans les Disney. Mais si tel est le prix pour assurer sa sécurité, il le paiera, sans hésiter.
Ce film a fait beaucoup d'admirateurs et de détracteurs. C'est le propre des grandes œuvres de ne pas laisser les gens indifférents. Certains reprochent à Drive des scènes qu'ils qualifient de longues, ainsi que la naïveté de l'histoire entre Irène et le pilote. C'est justement ce qui de mon point de vue rend génialissime ce film. Des échanges de regard, des sourires qui se dessinent timidement aux coins des lèvres, des hochements de tête, la magie emplit le cinéma durant ces quelques instants de communion et de complicité. Et oui, c'est évident, la relation entre le pilote et Irène est naïve et fantasmée. Mais en quoi est-ce mal ? Autorisons-nous à rêver, que diable ! Surtout quand on connait le cauchemar à venir... Le contraste est dur et puissant.
Pour conclure, je conseillerais de voir ce film sans avoir beaucoup d'attentes, afin de recevoir une gifle monumentale dont vous vous souviendrez longtemps, tout comme moi ! En bref, Drive c'est également :
- une magnifique bande-son
- une typo rose fluo
- un cure-dent
- un scorpion doré
- un ascenseur
- un marteau