L'histoire est simple, Drive raconte l'histoire d'un garagiste/cascadeur/chauffeur/chevalier qui veut protéger sa voisine de dangereux mafieux, en gros. Le traitement et le scénario ne le sont pas du tout.
Pour commencer, j'ai déjà entendu que le scénario de Drive est simpliste ou vu et revu, que l'histoire est la même que dans le transporteur (Aïe) mais pour moi c'est l'intrigue, le postulat de départ qui le sont peut-être, pas le scénario. Au contraire, le scénario est extrêmement riche dans la structure de ses séquences, des personnages, dans la pénurie de dialogues et dans la multiplication de ses références au cinéma.
Par exemple, ce personnage du Driver, qu'on pourrait comparer à un chevalier monolithique et mutique, est incroyable. En effet, il se rapproche d'avantage du mystérieux Walker de Point Blank que de Franck, l'action man, du Transporteur.
Le film regorge de références et emprunte à la mythologie du cinéma américain. Bagnoles, Los Angeles, les looks, la police rose du générique, la musique, tout y passe. Mais Refn évoque d'autres cultures comme celle de l'Asie avec notamment le personnage principal qui obéit au codes du samouraï droit, pragmatique et mettant la sécurité de celle qu'il aime avant la sienne. Il y a même un passage sur les cure-dents dans le Hagakure, le guide du bon petit samouraï.
Le film lui-même ne manque pas de références, la scène sublime de l'ascenseur est un clin d'oeil à Irréversible et son éclatage de tronche, le personnage renvoi à Melville et son samouraï et impossible de ne pas penser à Collateral lorsque l'on voit un Los Angeles filmé de cette manière.
En ce qui concerne la mise en scène, ce film est complétement dingue. Toutes les séquences sont exceptionnelles à commencer par la première uniquement vu de l'intérieur du véhicule. C'est l'une des meilleures intro que j'ai vu et est à elle seule un chef d'oeuvre. Aujourd'hui, quelle film de bagnoles peut se vanter de commencer sa première course-poursuite par le héros qui s'arrête et éteint ses feux ?! C'est démentiel. Ce film est démentiel.
Il est tout ce que j'adore dans un film. Il sait prendre son temps (la séquence de 5 minutes ou le Driver et Irene ne se disent rien ou presque en se contentant de se sourire), alterne entre instants de bravoures et moments de grâce (les courses poursuites, la balade dans les canaux, le strip-club, l'ascenseur, le final...) et fait la part belle aux personnages complexes. Et la cerise sur le gâteau, il trouve le parfait équilibre entre film d'auteur et divertissement (ni l'un ni l'autre ne sont péjoratifs).
Si Drive était une personne, je l'épouserais.