Besoin d'un chauffeur pour une mission dangereuse ? Oublié Jason Statham, place à la nouvelle génération. Place à Ryan Gosling. Place à un véritable héros.
Dans les rues sombres de Los Angeles, il est cascadeur le jour et "driver" la nuit. Lui n'aura jamais de nom, il n'en a pas besoin. On ne sait pas grand chose de lui, mais il y a bien une chose qu'on apprendra au final, c'est qu'il est un héros comme on en fait plus. Un mec solitaire, qui ne demande rien en échange, mais qui fera tout pour se venger et venger ceux qu'il aime.
Dès le début du film, Nicolas Winding Refn pose les bases de ce que sera son film. Peu de bruits, un personnage principal calme et sûr de lui, ainsi qu'une mise en scène posée, à l'image de son personnage. Ce n'est que plus tard que viendra la première musique ("Nightcall", de Kavinsky), elle marquera le début du récit à proprement parlé et sera la première d'une très bonne bande originale judicieusement choisie, notamment le titre "A real hero" de College & Electric Youth qui, bien qu'il n'ait pas été composé pour le film, caractérise totalement le "driver".
"Drive" est un film lent. En essayant d'être le plus réaliste possible, le cinéaste Danois prend le parti de donner à son film une vitesse de croisière qui peut ennuyer. Pourtant, lorsque les choses sérieuses commencent, Nicolas Winding Refn n'hésite pas à succomber à la violence, mais toujours dans le but d'apporter quelque chose à l'œuvre, pas juste pour se faire plaisir. "Drive" est donc un film qui oscille entre moments calmes, avec peu de dialogues, mais qui cependant en disent long, et des moments plus rythmés, plus énervés. Néanmoins, même lorsque l'excitation est à son comble, le calme domine toujours.
Ryan Gosling est épatant de sang-froid et de charisme, il apporte en plus un côté sexy au personnage non déplaisant. Rien d'étonnant à ce que le réalisateur l'ait choisi pour jouer dans son film suivant. La belle Carey Mulligan apporte quant à elle la touche de fraîcheur et d'innocence à l'histoire. Bryan Cranston, dans sa période "Breaking Bad", est bien sûr d'une grande justesse.
Avec son héros qui peut sembler froid, le réalisateur de la trilogie "Pusher" livre un film touchant et violent, mais aussi un beau film. La photographie est sublime, à la fois colorée et terne, ce qui accompagne parfaitement l'atmosphère du film à la fois douce et pesante. Avec sa veste, ses gants et sa voiture, Ryan Gosling devient une toute autre personne, une personne qu'il vaut mieux ne pas avoir contre soi.
"Drive" est un film de vengeance qui s'admire et qui pose la question de ce qu'est un véritable héros.