Avec un scénario proche d'un Fast and Furious, le film s'annonçait comme un énième film de poursuite dont on se serait bien passé, il fallait bien que ce soit Nicolas Winding Refn aux commandes pour intriguer, lui qui est habitué au film de fond. Le prix de la mise en scène remporté à Cannes n'a fait que confirmer ce sentiment d'impatience à l'idée de regarder cette bête curieuse.
L'histoire tient sur un bout de papier certes, mais un joli bout de papier. Un cascadeur (Ryan Gosling), qui monnaye ses qualités de chauffeur à des criminels la nuit, se prend d'affection pour sa jeune voisine (Carey Mulligan) et son fils. Tout était parfait jusqu'à un braquage qui tourne mal à la suite de quoi notre chauffeur se transformera en être au sang-froid pour trouver vengeance.
Dès le début le ton est donné. Une scène d'introduction dans laquelle le chauffeur utilise ses compétences pour fuir l'entrepôt que ces deux clients viennent de cambrioler. Cinq minutes durant lesquelles il fait preuve d'un grand calme, se mêlant à la foule, et accélérant quand il le faut, créant une tension palpable. Cinq minutes qui représentent bien le film. Pas grand chose ne s'y passe, seuls des pics d'action, des montées d'adrénaline viennent troubler ce calme cachant une tension sous-jacente. Un film minimaliste à l'image de son personnage principal, dont on ne connaîtra jamais le nom, il ne sera que « Driver ».
Minimaliste également dans les répliques courtes et quasi inexistantes du chauffeur, mais qui démontrent la performance d'acteur de Ryan Gosling. Par un regard, un sourire, il arrive à se faire comprendre et instaurer un malaise en faisant preuve d'une violence sans hésitation, dissimulée par sa gueule d'ange. Un aspect de sa personnalité qui reprend le dessus dans la relation qu'il crée entre son personnage et celui de Carey Mulligan qui apporte une touche de candeur et d'innocence, flirtant avec le stéréotype de femme ayant besoin d'être protégée, sans jamais franchir la limite.
Ajoutée à ces quelques mots lâchés par le Driver, une bande originale omniprésente qui vient intensifier le trouble qui sommeil au fond de lui, les émotions qui résonnent en lui, constituée de morceaux minutieusement choisis par Winding Refn rappelant des sons des années 80, flirtant avec le kitsh – à l'image de la veste du chauffeur. Drive est un film sans prétention qui vient revisiter le film de voiture au héros ambigu en utilisant des codes qui rappellent les films de western, ces cow-boys taciturne à quête de vengeance..