Aller voir drive au cinéma, c'est avoir la sensation d'avoir fait une bonne affaire en ayant payé sa place 9€ et son paquet de m&m's 5€.
Drive. Un nom simple, un script simple, et une pureté cinématographique qu'on aurait presque oublié depuis le temps.
Un driver peu bavard, une double vie, une belle rencontre, on sait très bien que tout cela va dérailler à un moment ou a un autre...
A l'image de sa scène d'ouverture magistrale, tout dans Drive transpire la pureté, la maitrise, la volonté de ne pas arnaquer le spectateur, de se rapprocher du vrai et de nous placer directement aux côtés des protagonistes, en nous faisant vivre une expérience sensoriel haletante, accessible et jamais prétentieuse.
En s'affranchissant des codes ultra connus des polars urbain, le film arrive à happer le spectateur et à le tenir en haleine du début, à la fin. Chaque dialogue, chaque mouvement de caméra, chaque ralenti à un sens, celui de garder le spectateur dans le film.
David Winding Refn nous pond là un long metrage infiniment plus accessible que son Valhalla Rising, il sait séduire les cinéphiles en nous rappelant les Frères Cohen (pour la pureté et la simplicité de son script), Mann (dans sa façon de filmer la ville), Cronenberg (pour la dualité percutante violence/amour), et même de Tarantino pour certain dialogues. Tout ceci sans jamais tomber dans la copie, ou le film-hommage. Le bonhomme à bien son propre style, et le film une identité extremement forte.
La mise en scène (primée à Cannes) ultra fluide mais toute en tension, la bande son, et le montage réglé comme du papier à musique sont sublimés par la direction des acteurs, justes et inspirés.
Ryan Gosling et Carey Mullingan tiennent là leurs rôles de prestige, qui marquera leurs CV respectifs. Tout en retenu, tout en justesse, les personnages puisent leur épaisseur dans la gestuelle, dans l'hyper-réalisme. Le film n'est pas très bavard, ça tombe bien, chaque réplique est bien senti.
Inquiétant, poétique, oppressant, ce mélange sensoriel savoureux s'installe dés les premières minutes, et prend de l'épaisseur au fil du film, sans jamais s'imposer ou éclabousser, laissant le spectateur piocher ce qu'il veut, ressentir ce qu'il peut.
Bref, loin des explosions, des courses poursuites sans intérêt et de l'action kaboum, Drive est un film rare, pure, qui laisse une empreinte, et un arrière goût de trop peu.
9€ pour une telle balade en voiture, c'est donné.
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