A partir d'un scénario somme toute assez simple, Nicolas Winding Refn transporte le conte de fée dans un environnement urbain. Environnement où la princesse, mariée à un taulard, a désormais un enfant, et où le prince a remplacé son cheval par 600 chevaux.
Le film n'en est pas dénué de sentiments, bien au contraire.
Par son jeu minimaliste, Ryan Gosling invite perpétuellement le spectateur à deviner ce qu'il ressent. Un léger sourire, un froncement de sourcil ou une goutte qui perle sur son front seront nos seuls guides émotionnels de ce personnage dont le nom et le passé nous échappent. Il en résulte une vraie connivence avec le personnage. D'ailleurs, voir ce film au cinéma est un vrai plus dans le sens où la moindre subtilité de son jeu est perceptible.
Par sa réalisation, Refn rend son film inoubliable. Que ce soit par la première séquence du film ou le générique qui suit (aaaahhhh la musique), que ce soit avec la scène de l'ascenseur ou celle de la chambre d'hôtel, Refn enchaîne les tours de force. Il n'est pas rare d'entendre les critiques évoquer d'autres films en parlant de Drive, "Collateral", "Taxi Driver" ou même le cinéma de David Lynch, mais "Drive" s'affranchit de ces références par sa singularité. L'utilisation des ralentis et du montage parallèle est sans doute la plus intelligente que j'ai vu au cinéma depuis longtemps.
Son casting est lui aussi impeccable. Quel bonheur de retrouver Bryan Cranston, Ron Perlman et Oscar Isaac (que j'avais dejà trouvé trés bon dans "Agora" et "Sucker Punch") ainsi que de découvrir la très belle Carey Mulligan. Un autre sans faute.
Terminons par la musique. J'ai horreur de la musique des années 80 (à quelques exceptions près), mais vraiment horreur de ça... Résultat, j'écoute Nightcall de Kavinsky en boucle depuis que je suis sorti de la salle. Bravo et merci Monsieur Refn, j'attends votre prochain film avec impatience.