Un drame poétique à l’atmosphère suspendue, à la photographie sublime et aux personnages très attachants et touchants. A travers la métaphore du théâtre, le film aborde un grand nombre de thèmes. Il nous présente des personnages brisés par la tragédie, s'enfonçant de plus en plus profondément dans la morosité, la passivité et la dépression. Des personnages qui se laissent survivre au ralenti, répétant les mêmes gestes mécaniques et rejouant la même cassette encore et encore comme un vieux disque rayé, piégés dans un cycle mortifère. Jusqu'à leur rencontre.


Au début, ils s'entrechoquent et peinent à se comprendre en raison des barrières qui les séparent, que ce soit celles de la langue, de l’origine, ou tout simplement du vécu. Malgré cela, ils apprennent lentement à se connaître mutuellement et à s'ouvrir les uns aux autres, et cherchent à dépasser ces différences pour créer quelque chose ensemble : une œuvre d’art, un échange de services, un lien amical, un lien filial, un espoir d’avenir.


On suit plus particulièrement les 2 personnages principaux dans leur périple, alors qu’ils tentent d’échapper à l’immobilité morbide et à la fixité de leur quotidien, et à leur nostalgie pour un passé révolu, dans lequel ils sont coincés depuis trop longtemps et ne font que jouer un rôle qui ne leur convient pas. Ils s’embarquent (et nous embarquent avec eux par la même occasion) dans une course pour dépasser leur douleur et combattre puis surmonter leurs démons intérieurs. C’est au cours de leurs pérégrinations rythmées par la magnifique OST de Eiko Ishibashi ("Drive My Car (Kafuku)"), et d’un road trip thérapeutique et cathartique à travers les paysages japonais, à bord de cette voiture aussi rouge que le sang, aussi rouge que la vie et la passion, qu’ils parviendront enfin à avancer et faire leur deuil – jusqu'à briller à nouveau et à rendre leurs cicatrices à peine visibles.

EctoplasMan
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Films préférés

Créée

le 10 juin 2024

Critique lue 8 fois

1 j'aime

EctoplasMan

Écrit par

Critique lue 8 fois

1

D'autres avis sur Drive My Car

Drive My Car
Grimault_
7

Sur le chemin de la rédemption

Après entre autres Senses et Asako I&II, Ryusuke Hamaguchi revenait à Cannes pour présenter en Compétition le déroutant Drive My Car. Un film fondamentalement intellectuel, qui parle du deuil à...

le 18 août 2021

104 j'aime

3

Drive My Car
EricDebarnot
9

Raconter des histoires ou conduire (il ne faut pas choisir...).

Adapter Murakami est un sacré défi, tant l'aspect quasi-intangible de ses histoires semble défier la nature même du Cinéma. Néanmoins, depuis le formidable "Burning" de Lee Chang-Dong, il semble que...

le 24 août 2021

54 j'aime

13

Drive My Car
BenoitRichard
5

trop désincarné

On peut se sentir parfois un peu seul quand, autour de vous, tout le monde ou presque porte un film aux nues sans que vous compreniez vraiment pourquoi. C’est le cas avec Drive My car le film du...

le 28 août 2021

54 j'aime

2

Du même critique

La Zone d’intérêt
EctoplasMan
8

Critique de La Zone d’intérêt par EctoplasMan

Beaucoup apprécié la photo et le travail du son qui sont les gros points forts du film, en plus de la direction d'acteurs. La maison est comme un laboratoire dans lequel se trouve la famille (dont...

le 27 févr. 2024

2 j'aime

Edward aux mains d'argent
EctoplasMan
9

Un conte de fée sans happy ending

Un véritable conte fantastique, enchanteur et mélancolique. Non sans humour, Tim Burton dépeint ici l'histoire d'un être intriguant et mystérieux, qui peine à trouver sa place dans un monde où la...

le 4 mai 2024

2 j'aime

Le Château ambulant
EctoplasMan
9

Sophie Hatter au royaume des sorciers

Un autre chef-d'œuvre de Miyazaki, regorgeant d'idées, de surprises et d'inventivité ! Tous les personnages sont vraiment attachants et hauts en couleurs, évoluant dans un paysage de conte de fée, un...

le 20 avr. 2024

2 j'aime