Un drame poétique à l’atmosphère suspendue, à la photographie sublime et aux personnages très attachants et touchants. A travers la métaphore du théâtre, le film aborde un grand nombre de thèmes. Il nous présente des personnages brisés par la tragédie, s'enfonçant de plus en plus profondément dans la morosité, la passivité et la dépression. Des personnages qui se laissent survivre au ralenti, répétant les mêmes gestes mécaniques et rejouant la même cassette encore et encore comme un vieux disque rayé, piégés dans un cycle mortifère. Jusqu'à leur rencontre.
Au début, ils s'entrechoquent et peinent à se comprendre en raison des barrières qui les séparent, que ce soit celles de la langue, de l’origine, ou tout simplement du vécu. Malgré cela, ils apprennent lentement à se connaître mutuellement et à s'ouvrir les uns aux autres, et cherchent à dépasser ces différences pour créer quelque chose ensemble : une œuvre d’art, un échange de services, un lien amical, un lien filial, un espoir d’avenir.
On suit plus particulièrement les 2 personnages principaux dans leur périple, alors qu’ils tentent d’échapper à l’immobilité morbide et à la fixité de leur quotidien, et à leur nostalgie pour un passé révolu, dans lequel ils sont coincés depuis trop longtemps et ne font que jouer un rôle qui ne leur convient pas. Ils s’embarquent (et nous embarquent avec eux par la même occasion) dans une course pour dépasser leur douleur et combattre puis surmonter leurs démons intérieurs. C’est au cours de leurs pérégrinations rythmées par la magnifique OST de Eiko Ishibashi ("Drive My Car (Kafuku)"), et d’un road trip thérapeutique et cathartique à travers les paysages japonais, à bord de cette voiture aussi rouge que le sang, aussi rouge que la vie et la passion, qu’ils parviendront enfin à avancer et faire leur deuil – jusqu'à briller à nouveau et à rendre leurs cicatrices à peine visibles.