On touche ou on coule ?
Petit film sorti dans l'indifférence générale, Drone n'est pas un film sur une équipe au sol marquant les cibles pour faciliter les frappes aériennes (ce que nous vend la cover) mais un huis clos...
le 16 mai 2015
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Petit film sorti dans l'indifférence générale, Drone n'est pas un film sur une équipe au sol marquant les cibles pour faciliter les frappes aériennes (ce que nous vend la cover) mais un huis clos dans un mobile-home avec deux militaires. Une gradée et un simple pilote exécutant qui s'entraîne à des jeux vidéos de combats entre les tours de garde. C'est donc un film très bavard où le suspense n'est pas vraiment de la partie. Toutefois, le film décide assez vite de focaliser ses enjeux sur la planque présumée d'un des membres d'Al Qaida pour amorcer sa description des évènements. La prise de parti est limitée aux seuls protagonistes présents et à leur hiérarchie par conversation vidéo. La critique essentielle que le film alimente est la difficulté à identifier les cibles recherchées dans les délais impartis (dépendant de plusieurs paramètres comme le temps d'arrivée des missiles, les réserves de carburant disponibles, l'attente de traduction des inscriptions...). Et la nécessité de passer à l'acte une fois que les ordres officiels sont donnés. Drones vire donc au cas de conscience d'une capitaine qui se trouve indécise au moment d'identifier la cible, et qui voit le nombre de victimes collatérales augmenter sans cesse au fur et à mesure de ses indécisions. Un simple aspect du problème donc, pourquoi pas, puisqu'ici, Drones ne tente pas vraiment de jouer la carte de la réflexion, en se concentrant davantage sur l'évolution de la situation, avec les régulières interventions de la hiérarchie, la police militaire qui se prépare à intervenir, les convictions personnelles plus ou moins bien placées...
Malheureusement pour lui, Drones est extrêmement laborieux. Autant sur le plan technique que polémique. Il est visuellement assez pauvre (que pouvait-on attendre de l'intérieur d'un mobil home ?) et le rythme créé par les dialogues nous laisse dans une certaine mollesse, même quand nos militaires se battent ou déclenchent les lasers de marquage. Laborieux aussi sur le fond car finalement, on fait la guerre comme on nous le dit pour suivre les ordres. Le film voulait capturer la désillusion d'une soldate qui se voyait faire le bien avec intelligence et précision. Il montre finalement une recrue trop vite sortie de l'école militaire qui a un cas de conscience puis qui écrase ses incertitudes devant son père pour se prouver qu'elle peut le faire (et puis un autre me remplacera si je ne le fais pas, donc autant me salir les mains et tenter de le faire proprement). Le parcours psychologique du pilote est le plus désastreux, car sans cohérence entre le début (où il revendique son indépendance butée et son dégoût de l'humanité avec une légère façade cynique) et la seconde moitié (où il bascule dans le camp de l'anti militarisme et de la manipulation). La transition est trop brutale, le film révèle alors clairement son envie de confronter les points de vue sans conclure dans l'engagement. Il filme les conséquences logiques qui découlent de la situation, avec un côté dramatique. Sans avoir la prétention de redonner un cours de morale, le film se contente de cerner l'impossibilité de mener la guerre contre le terroriste de façon précise. Malheureusement, le film n'en vient pas vraiment à ce constat, puisqu'il reste toujours dans l'opposition des deux personnages sans s'appuyer sur autre chose que des généralités dans les argumentaires. On ne va pas très loin quand on reste dans le vague. Et en lieu d'un non, c'est un oui parce qu'il le faut. Ainsi, si l'on regarde les conséquences de l'intervention et la non garantie des résultats, on est invité à prendre position. Mais le film a-t-il avancé quelque chose de concret dans son développement ? Si l'on rajoute la facture technique très ennuyeuse, on conclue donc assez vite qu'on tient là un brûlot pesant et gauche, initialement animé de bonnes intentions.
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Créée
le 16 mai 2015
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