Pour peu que vous soyez rebutés par les films dès lors qu'ils sont antérieurs à l'an 2000, et/ou français, et/ou en noir et blanc (je n'ignore pas qu'il s'en trouve qui prennent ce genre de critères en compte), vous risqueriez de passer à côté de ce petit joyau de film noir de haute volée.
C'est un trépidant "film de casse" solidement mis en scène et interprété, où l'on ne s'ennuie pas une seule seconde et même si presque 70 ans nous séparent de son tournage, je trouve que ça n'a pas vieilli d'un point de vue de la dramaturgie, comparé à pas mal de films de gangsters actuels
Le réalisateur franco-américain Jules Dassin n'en était pas à son premier film noir (tous ses films noirs sont excellents), il a tourné celui-ci en France où il a séjourné après avoir fuit le Maccarthysme. C'est d'ailleurs lui qui interprète l'un des rôles de ce film (ça, c'est pour le petit contexte).
Belle synthèse de la combinaison du style américain et de l'esprit européen (parisien en particulier), dans un décor parfait en noir et blanc, c'est tendu, sans temps morts et tout cela, sans les artefacts souvent indigestes de certaines productions d'aujourd'hui : pas d'ultra-violence gratuite (ce qui en fait un film tous publics), pas de gunfights à tout-va, pas de ce montage subliminal qui procure des maux de tête à force d'additionner des plans d'une durée max d'une milliseconde (un bon film n'a pas besoin de ces procédés pour être rythmé et accrocher le spectateur).
Respect des règles du genre, belle caractérisation des personnages, progression dramatique implacable : c'est smart et divertissant, que demander de plus à un film policier ? (et cinq étoiles direct, pour la peine :-) ).
Toute cette réunion de talents et de qualités à tous les niveaux sont addictifs, vous êtes donc prévenus : vous aurez envie de découvrir les autres films de ce réalisateur et aussi d'autres films de gangsters de la même période après celui-ci.
Les plus complétistes d'entre vous irons découvrir comment la fameuse séquence muette du casse a été reprise notamment par Jean-Pierre Melville dans "Le cercle rouge" et parodiée par Mario Monicelli dans "Le pigeon".
A voir pour : les séquences où l'on aperçoit le Paris de l'époque, tournées en extérieurs ; la préparation minutieuse suivie de la longue scène muette du vol ; l'acteur Jean Servais et son faciès très particulier, entre dur à cuire et looser.