Le film raconte la vie de Polly Franklin, une fille de fermiers qui décide de partir vivre à Chicago, mais sa destinée sera morose ; entre larcins, prison et prostitution, elle sera aussi la maitresse du gangster John Dillinger.
Du rouge pour le truand est le premier film réalisé par Lewis Teague, qu'on connait plus pour Alligator, et surtout Cujo, et il est issu de l'école Roger Corman, à savoir peu de budget, sexe et violence, mais efficacité maximale grâce notamment à ses excellents acteurs, Pamela Sue Martin, Robert Conrad et Louise Fletcher en tête. Mais depuis la fin des années 2010, le film a connu une nouvelle renommée grâce à Quentin Tarantino, qui y voit non seulement la meilleure production Corman, mais il a écrit un article dithyrambique à son sujet dans Les cahiers du cinéma d'Octobre 2021, et dans sa novélisation de Once upon a time in Hollywood, il imagine avoir réalisé un remake de Du rouge pour un truand qu'il aurait fait à la fin des années 1990.
En voyant le film, on peut dire qu'il est à la hauteur de sa réputation, avec l'excellent script de John Sayles, mais aussi à la musique de James Horner, dont ce fut le début pour les deux au cinéma. J'aime bien cette idée de créer un personnage imaginaire afin de raconter autre chose sur la vie de personnages qui ont vraiment existé, car l'histoire ne s'arrête pas à la mort de Dillinger, mais raconte vraiment chevillé au corps l'histoire de cette femme pas épargnée par le destin, et qui va finalement devenir elle aussi un bandit. Le tout dans une mise en scène au cordeau, qui ne lésine pas sur les scènes de sexe parfois forcées, ou sur les massacres avec le sang qui gicle à tout va. C'est un peu la marque de fabrique des productions Corman de l'époque, mais ça n'empêchera pas le le film d'être un semi-succès, heureusement rattrapé depuis par la fièvre de Tarantino. Dans un sens, c'est une variation sur Bonnie qui aurait pu survivre sans Clyde.