Comme "Le Ranch Diavolo" aka Straight Shooting, "Du sang dans la prairie" aka Hell Bent s'inscrit dans la lignée de westerns qui semblent avoir été produit à la chaîne à cette époque-là, avec les mêmes thèmes, les mêmes enjeux, les mêmes lieux, et les mêmes acteurs. J'ai reconnu au moins Harry Carey dans les deux films précédemment cités, dans le rôle d'un protagoniste au comportement assez similaire, ainsi que le même passage étroit très photogénique creusé à même la roche, à défaut d'avoir pu construire un tunnel j'imagine. Ce long-métrage relativement court est peut-être un peu plus créatif que le précédent, et ne se contente pas d'opposer un groupe de gentils (certes bigarré) et un groupe de méchants pour les observer se tirer dessus. Le film commence déjà dans un élan onirique, alors qu'un écrivain cherche l'inspiration en regardant un tableau qui prend vie — l'effet est plutôt réussi, et nous voilà embarqués à nouveau dans une histoire de romance contrariée qui finira bien baignant dans le jus des affrontements avec des bad guys. Ce film est légèrement moins maladroit que "Straight Shooting", plus intéressant dans le portrait de l'anti-héros acquérant une certaine respectabilité, et avec quelques passages qui brillent par leur mise en scène (par exemple celui dans le désert, balayé par la tempête). Les expérimentations du jeune Ford ne me passionnent pas dans le cadre de la vision d'auteur consistant à reconnaître des motifs du futur grand cinéaste qui seraient présents ici à l'état de traces, mais le côté aventurier et comique passe agréablement, sans épiloguer outre mesure.