♪♫ I’m a survivor, I’m not gon give up ♪♫

L’Opération Red Wings a été menée par l’armée américaine, le 28 juin 2005, contre les talibans de la province de Kounar. Ces derniers infligèrent à l’armée américaine sa défaite la plus coûteuse en vies humaines (19 morts, 1 blessé et 1 hélicoptère CH-47 Chinook détruit) depuis le début de la guerre. Marcus Luttrell, le blessé qui s’en est miraculeusement tiré, racontera alors dans son livre le récit de ces six jours au cœur de l’enfer. Il n’en faudra pas plus à l’industrie hollywoodienne, friande de ce genre d’histoires, pour adapter cette histoire quelques années plus tard au ciné.

L’histoire du film Du sang et des larmes reste assez simple : 4 soldats partent en mission pour éliminer un chef taliban mais se font repérer, encercler, plomber et doivent s’échapper de ce traquenard. Mise à part le début du film, le pitch m’a rappelé l’idée du film En territoire ennemi. Sauf que là, il s’agit d’un groupe et que le traitement est bien plus réaliste et moins amusant (pas de sniper qui les colle aux basques ou de fils reliés à des explosifs à enjamber en un temps record). On n’échappera toutefois pas à l’assaut final par un escadron d’hélicoptères et autres bombardiers pour sauver le héros, démonstration de force typique des films de guerre américains.

Ce final un peu patriotique sur les bords et le côté très premier degré du film aurait pu faire redouter un parti pris et donc un film trop manichéen. Au début, l’Afghanistan n’est en effet vu qu’à travers le barbarisme des talibans qui s’adonne à la décapitation en guise de hobby. Heureusement, la dernière partie du film montre un autre visage de ce pays, régit notamment par le Pachtounwali, un code d’honneur que je ne connaissais pas. Donc bon point de ce côté-là.

Côté casting, les acteurs qui composent l’équipe des 4 soldats donnent lieu à un ensemble est assez inattendu. Je ne m’étais pas un jour imaginé un bataillon composé du meilleur ami de Ted, de John Carter, du Supertramp d’Into The Wild et du nouveau fiancé de Robin Wright. Bon par contre on ne peut pas dire qu’ils rivalisent tous de charisme, planqués sous leur chapeau et derrière leur barbe. Ils en sont même parfois peu évidents à différencier surtout dans la frénésie de l’action.

En termes d’ambiance, un très gros travail a été fait sur le son pour immerger le spectateur au cœur des affrontements. Les obus, roquettes et autres tirs de kalachnikov fusent de toute part et on en prend plein les oreilles. Difficile de ne pas suffoquer à l’unisson avec ce soldat à bout de force, agonisant, aux poumons remplis de sang et à la respiration sifflante. Autre scène mémorable où le son renforce la violence des images : les deux longues chutes des soldats à flancs de falaises. Leurs corps déboulent violemment sur les roches afghanes et leur visage se font lacérer par les pierres. Au fil de la chute se brisent les os et le moral de ces hommes. Elles sont d’autant plus brutales qu’elles s’achèvent d’un assourdissant silence. Il se peut alors qu’un spectateur faible/crétin/gêné s’esclaffe d’un grand-rire (qu’il ne saurait probablement pas justifier si on lui en demandait sa raison). Mais je m’égare.
Quoi qu’il en soit, les deux nominations aux oscars dans la catégorie meilleur mixage de son et meilleur montage de son n’ont pas été volées.

Il est dommage qu’en dépit de sa volonté réaliste et premier degré, quelques défauts viennent entacher le film. Les roquettes font à mon sens très peu de dégâts. Il n’est d’ailleurs pas rare d’en voir une exploser juste à côté d’un soldat sans pour autant que ça ne le contrarie. J’ai bien compris la volonté d’ériger ces Navy Seals en héros mais ce n’était pas forcément la peine d’en faire des surhommes capables d’encaisser balles sur balles avec quelques éclats de shrapnel dans les cuisses en guise de dessert. Puis de continuer leur petit bonhomme de chemin en crapahutant dans les bois. Ceci a pour conséquence de rompre avec le côté réaliste du film et de faire s’interroger le spectateur sur la frontière entre « tiré d’une histoire vraie » et « gros film d’action hollywoodien excessif ».

Le final du film est à mon sens trop larmoyant avec le (très lent…) défilé de photos des véritables soldats, agrémenté de film de mariage et autres joyeusetés hors-sujet pour lourdement appuyer le fait que ce sont des hommes avant d’être des soldats.

Au cours du film, plusieurs défauts ou raccourcis de script m’ont interpellé:
ATTENTION SPOILERS
Après leur rencontre avec les bergers, pourquoi ne pas passer l’appel au secours dans un premier temps et ensuite revenir les détacher ? Pourquoi leur radio décide à ce moment-là de ne plus fonctionner ? Pourquoi ne pas tout simplement rebrousser chemin et emprunter la route par laquelle ils sont venus ? Comment la base apprend où se trouve Marcus Luttrell alors qu’il ne les a pas contacté personnellement ? Grâce à l’Afghan qui l’a sauvé et qui a passé l’appel ? Si oui, comment aurait-il réussi à contacter la base et comment la base pourrait savoir qu’il disait vrai et n’allait pas les faire tomber dans une embuscade tendue par les talibans qui la veille venaient de descendre un hélicoptère tuant au passage une dizaine de Navy Seals ?
FIN DE SPOILERS
Peut-être était-ce détaillé dans le récit de Marcus Luttrell et que ces questions y trouvent leur réponse mais dans son adaptation cinématographique, cela se traduit en raccourcis maladroits qui font du tort au résultat final.

Du sang et des larmes est un film de guerre âpre et réaliste qui immerge bien le spectateur notamment grâce au gros travail fourni sur l’ambiance sonore. Plusieurs défauts de script et de réalisme viennent toutefois entacher le plaisir.
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le 21 janv. 2014

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