Quand j’ai entendu qu’un nouveau Mad Max allait sortir, la seule raison qui m’avait poussé à m’intéresser quelque peu au projet, c’était la présence de Tom Hardy.
Puis tout a basculé avec le premier trailer.
J’ai ensuite vu mon excitomètre monter dans le rouge avec le deuxième.
Pour enfin me prendre une énorme vague de hype en plein dans le slip avec le troisième.
J’ai refusé de voir le quatrième par peur d’une rupture d’anévrisme.
Des images à peine croyables, totalement furieuses et renversantes sortant tout droit d’un univers à la folie sans limite.
A l’approche de la sortie, la crainte d’être déçu était quand même là: trop d’attente et d’espoir placés dans ce film ? Des bandes-annonces qui avaient déjà tout dévoilé ?
Un seul moyen de vérifier : plonger tête baissée dans une salle obscure au plus vite !
Mad Max: Fury Road c’est un enfer qui est paradoxalement rafraîchissant.
Avec ses corps qui se font broyer, brûler, exploser et qui s’envolent dans tous les sens, Mad Max: Fury Road est une magnifique représentation de l’enfer. Un enfer terrestre prenant place dans une étendue désertique infinie faites de cendres, poussières, roches, flammes et sang. Le tout peuplé d’êtres défigurées et démoniaques qui ont leur propre vocabulaire et code. Un programme bien réjouissant que nous avons-là.
Mais un enfer qui est paradoxalement rafraîchissant dans le paysage cinématographique actuel. Ce qui n’était pas forcément un pari gagné d’avance pour deux raisons :
1) le film a ce statut hybride un peu particulier de suite/remake, soit deux types de films qui inondent nos écrans depuis ces dernières années.
2) l’histoire est d’une simplicité déconcertante : aller d’un point A à un point B puis finalement, retourner au point A. Un aller-retour sans escale. Mais comme je l’avais souligné à propos d’Avatar, la simplicité peut rimer avec qualité.
Pourquoi le film est-il cette bouffée d’air frais qu’on attendait dans le cinéma?
Alors pourquoi ce Mad Max est-il cette bouffée d’air frais qu’on attendait dans le cinéma d’action voire dans le cinéma d’une manière générale ?
Parce que même s’il fait partie intégrante d’une saga, il a l’avantage de se suffire à lui seul et de pouvoir être pleinement apprécié sans avoir vu les 3 premiers films.
Parce que la structure narrative du film est basique, soit, mais efficace. L’intensité croissante du récit avec une mise en place progressive des enjeux et l’ajout constant de nouveaux adversaires prenant place dans cette folle virée désertique apportent un réel intérêt et une variété bienvenue.
Parce qu’il n’y a que 3 scènes d’action mais qu’elles durent 30 minutes chacune. Toutes les 20 secondes, elles balancent en pleine face un plan jamais vu au cinéma ou totalement ahurissant. C’est une véritable déferlante de money-shots que nous sert le père Miller.
Parce qu’entre ces 3 gros morceaux de bravoure, le film offre quelques minutes de répit, sorte de parenthèses parfois inattendues et détonnant avec le reste du film. Que ce soit la vision de femmes angéliques se rafraichissant au soleil ou des hommes-échasses au milieu de cette chasse à l’homme, ces moments suspendus permettent de reprendre son souffle et développer le background des personnages.
Le film utilise un langage cinématographique simple mais riche et compréhensible par tous.
Parce que le film utilise un langage cinématographique simple mais riche et compréhensible par tous. Mad Max: Fury Road propose un cinéma aussi primaire et brut que les personnages qui l’habitent : une scène d’exposition nerveuse rapidement envoyée, peu de dialogue, pas de superflu pour accoucher au final d’un film sensoriel et viscéral.
Parce l’univers est peuplé de créatures humanoïdes repoussantes dans la veine d’Éphialtès dans 300 mais aussi de véhicules incroyables (voitures montées sur chenilles de tanks, voitures-hérissons équipées de scies circulaires, truck avec juché sur son toit un guitariste-pantin sorti tout droit du Labyrinthe de Pan) pour un résultat aussi barré que réjouissant.
Les images de synthèse sont très rares. Ou très discrètes. La quasi-totalité des cascades (80% selon les dires de Miller) présentes à l’écran ont été réalisées devant la caméra.
Parce que les images de synthèse sont très rares. Ou très discrètes. La quasi-totalité des cascades (80% selon les dires de Miller) présentes à l’écran ont été réalisées devant la caméra. La réussite et la maîtrise de la mise en scène reposent notamment sur le talent à savoir placer et tenir sa caméra et non dans un plan-séquence numérique (même si je vous aime Gravity et autres Avengers). Tout ça change des films gavés aux CGI. D’autant que la surenchère d’effets spéciaux ne garantit pas pour autant que le spectateur s’accroche à ses accoudoirs.
Les femmes dans Mad Max: Fury Road donneront beaucoup de fil à retordre à leurs adversaires.
Les personnages évoluent dans un monde sans pitié, sanglant (mais pas émasculé pour autant) et brutal. Un monde où le rugissement des moteurs, les armes et la violence font la loi. Toutefois, alors qu’il était facile de tomber dans un bon gros machisme ambiant avec des personnages féminins aussi transparentes que les robes des héroïnes, les femmes dans Mad Max: Fury Road donneront beaucoup de fil à retordre à leurs adversaires. Elles auront même le dessus sur Max par moments, comme Furiosa avec ses aptitudes de sniper ou lorsqu’elles lui briseront sa chaîne (c’est là que tu peux chanter « Il est libre Max ») et lui permettront d’exprimer tout son art.
Max va alors pleinement exprimer son art.
C’est en effet à partir du moment où le héros est délogé de l’avant de la voiture de Nux et délesté de son masque et de ses liens qu’il pourra pleinement exprimer son art. Quel plaisir de le voir alors aller affronter ses ennemis en s’engouffrant seul dans une nuit bleutée, froide et glaciale comme la mort. Nuit déchirée quelques instants plus tard par une explosion qui signe la mort instantanée de ses ennemis et qui recrachera un Max bourru, la gueule en sang. Magnifique et iconique.
Un Max qui booste un camion en crachant de l’essence sur son moteur de manière autrement mieux réussie que le Capitaine Haddock rotant dans le moteur d’un avion pour le relancer (Oui Steven, je t’aime quand même). Ou encore un Max qui n’hésite pas à donner de sa personne au corps-à-corps ou de jouer au ball-trap avec des motards.
Bref, un Max bien Mad et en grande forme.
Côté casting, sans surprise, Tom Hardy est encore au rendez-vous.
Côté casting, sans surprise, Tom Hardy est encore au rendez-vous. L’acteur a rarement été aussi badass au cinéma. Une prestation bestiale et animale, tout en grognements. Un véritable homme des cavernes qui ne parle de sa voix rocailleuse et profonde qu’en cas de nécessité. Une performance qui n’éclipse pas celle de Mel Gibson mais s’inscrit dans sa continuité tout en la modernisant. Tom et Mel sont Max.
Charlize Theron campe Furiosa qui, avec son mignon moignon, est à l’image d’un fusil : canon, sciée. Elle rejoint tranquillement le cercle des figures féminines fortes au cinéma.
Hugh Keays-Byrne retrouve l’univers de Mad Max en interprétant de nouveau le bad-guy de l’histoire, Immortan Joe, personnage aussi fascinant que terrifiant. Ce personnage a autrement plus de gueule que Toecutter, figure du mal du premier volet, qui ressemblait à un punk crypto-gay plus ridicule qu’effrayant.
Après le moyen Divergente ou le bon X-men : Le Commencement, Zoë Kravitz les échelons avec l’excellent film de George Miller. Elle joue Toast qui, en dépit des nombreuses flammes et explosions, ne finira pas grillée.
La musique signée Junkie XL avait déjà pu être entendue à travers les différents trailers. Puissante et peuplée de percussions, elle accompagne parfaitement les vrombissements et hurlements des moteurs dans ce désert sans fin, les coups de feu, la tôle qui se froisse et se fracasse et autres explosions infernales.
Le rythme récurent des percussions peut être vu comme la mise en musique de cette cascade : une descente de Tom . J’ai été ravi de constater que Dies Irae, utilisée dans le 3ème trailer, est incorporée dans le film.
Mad Max Fury Road est bien cette bombe qu’on attendait et qui fera date dans le cinéma. Un orgasme métallique qui met nos sens en éveil. Un déferlement ininterrompu de plans fous et inventifs inscrits dans une véritable proposition novatrice dans le 7ème Art. Une course-poursuite désertique basique mais diablement efficace et jouissive qui laisse totalement béat. Le tout entrecoupé de quelques pauses rares mais bienvenues permettant de développer et faire avancer le récit. Un divertissement de haute volée où minimalisme et efficacité vont de pair pour un film qui n’a aucun équivalent actuellement.
En termes de cinéma d’action, on retiendra qu’en 2015 George Mi( les pendules à )ller.
http://marvelll.fr/critique-mad-max-fury-road-par-epice/