Revoir plus de 30 ans après le premier film de l'institution qu'est devenu Steven Spielberg est évidemment un exercice passionnant : s'il n'est de prime abord pas évident d'y reconnaître les thèmes forts de l'oeuvre future du "mogul" des blockbusters (même les enfants sont ici horribles et terrifiants !), "Duel" démontre instantanément le talent de conteur et la maîtrise visuelle de son metteur en scène. Chorégraphie des mouvements (de la caméra et des acteurs), dynamisme des entrées de champ, découpage qui fait entrer le spectateur dans le processus de création, jeux sur le hors champ et sur la profondeur de champ, raccords dans l’axe, toute une grammaire cinématographique propre au cinéaste se met en place, mise au service d’une œuvre aux accents souvent très sombres mais qui exprime la confiance en l'être humain et en son surpassement face ses ennemis, aussi bien intérieurs qu'extérieurs... [Critique écrite en 2005]