Bon ce n’est qu’après coup que j’ai réalisé que c’était la version cinéma d’un peu plus de deux heures, donc sans doute que ça va influencer pas mal de chose. Le film est étrange… Pas étrange dans le sens Lynchien du terme (enfin si, on sent quand même sa patte dans le rythme et le ton global du film), mais plutôt parce qu’il est à la fois bon et pas terrible. En soit, on retrouve un peu de cette atmosphère du livre de Herbert, mais de l’autre côté ça reste très superficiel. L’adaptation est correcte et pourtant on perd toute la saveur du bouquin originale. Bien sûr, même sans se rendre compte du montage proposé, on réalise très vite que le montage y est pour beaucoup dans le rythme lancinant du film.


Ce qui est étrange, c’est qu’on se dit que c’est dommage de passer plus de la moitié du film pour adapter le premier quart du bouquin, mais en même temps la deuxième moitié du film réussira au final à bien regrouper les scènes importantes de la suite. Sans forcément paraître précipité, le film est surtout nonchalant, haché. C’est surtout marquant justement à partir de la première heure : on a déjà passé la moitié du film, et pourtant on reste indifférent aux sorts des personnages, on ne se sent pas vraiment transporté par l’intrigue. Le fait est qu’on a une succession de scènes les unes après les autres, reprenant les grandes lignes du livre, mais il n’y a pas de liant entre elles, il manque le fil conducteur qui les relie pour créer une histoire fluide.


Sans oublier le côté « pensées intérieures » des personnages qui, certes, rejoint l’idée du livre à ce sujet mais fonctionne beaucoup moins bien à l’écran, créant une sorte de rupture dans le rythme des scènes. Et c’est aussi vrai que la dernière partie semble au final presque bâclée, tellement on survole au final les éléments de l’intrigue, que les personnages apparaissent et disparaissent comme ça, de façon aléatoire sans qu’il y ait de mise en place pour y parvenir. Enfin, la conclusion serait presque anti-climatique, que ce soit là aussi par son rythme, mou, ou alors de par sa coupure brutale sans plus. On ressent encore plus les coupes dans cette seconde partie alors qu’elle fonctionnera au final presque mieux que la première.


Le casting m’a paru dans l’ensemble moyen à correct. Les acteurs font du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, et il est donc difficile de voir si c’est dû à l’écriture des personnages, qui apparaissent sans dimensions réels, ou aux acteurs eux-mêmes qui ne savent pas quoi en faire. Enfin si, on peut noter que Kyle MacLachlan n’est crédible à aucun moment en tant que Paul Atréides, là où Francesca Annis aura plus son mot à dire. Quant à Sting… on se demande ce qu’il fait là par moment, que ce soit par son jeu d’acteur ou l’écriture de son personnage, tellement diminué par rapport au livre de Herbert.


Techniquement… Disons que j’étais au courant de certaines limitations. Sans que ce soit le naufrage, on peut dire sereinement qu’on ne passe pas loin de la débandade. La musique ne proposera au final qu’un thème central, certes sympa mais qui, à la longue, devient répétitif et qui, surtout, n’a parfois rien à faire dans certaines scènes. J’applaudis les décors et les costumes, qui sont sans doute le seul point réellement positif et pratiquement sans faute du film : même si on verse un peu plus dans le cyberpunk que ce que le livre laissait suggérer, on retrouve néanmoins cette atmosphère.


La mise en scène de Lynch est au final très banal en fait. On reconnaît sa patte pour le rythme et certaines scènes du film, notamment celles moins axées science-fiction et plus introspection ; mais ça reste quand même très limité. Et puis il y a bien sûr les effets spéciaux. Alors autant certains, tout comme les maquettes miniatures, les vers, ça fonctionne très bien. Autant les incrustations sur fond vert, les effets spéciaux « numériques », ou alors les scènes dans l’espace… Là, c’est d’une mocheté affligeante. Oui, le film a 35 ans, mais Star Wars venait de terminer sa trilogie originelle à cette époque, Ridley Scott (un temps sur le projet d’ailleurs) avait déjà proposé Alien et Blade Runner, Spielberg avait déjà proposé E.T. et Donner nous avait fait croire qu’un homme pouvait voler avec Superman. Clairement, on a ici un cas flagrant d’un film aux ambitions beaucoup trop élevées (à juste titre) pour son budget et les moyens techniques de son époque.


Dune n’est donc pas une déception en soit. Parce que je savais qu’il avait eu une production compliquée, que c’était un peu un OVNI dans la filmographie de Lynch (honnêtement, je pense qu’il n’était pas celui à engager, Scott aurait beaucoup mieux réussi), que l’œuvre de Frank Herbert est un monstre littéraire difficile à appréhender, et que oui, le film avait très mal vieilli. Donc non, pas de déception, plutôt une confirmation. Cela n’empêche pas que je suis content d’avoir enfin pu le voir (même si du coup, faudrait que j’essaye de mettre la main sur les autres montages), et j’ai d’autant plus hâte de voir le remake de Dennis Villeneuve.

Créée

le 17 mars 2019

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vive_le_ciné

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