Un désert infini, des manigances politiques, des visions ésotériques, la montée d’une religion meurtrière et l’approche d’une guerre galactique. Telles sont les promesses de l’univers de Dune. Des promesses au fort potentiel esthétique malheureusement inexploité par Villeneuve.
La mise en scène du film se résume à montrer ce qu’il faut montrer et à iconiser Paul comme n’importe quel superhéros de Marvel sans travailler la dimension religieuse du personnage. La religion est d’ailleurs traitée de façon caricaturale, la foi des croyants étant ainsi systématiquement tournée au ridicule, désamorçant de fait la dimension inquiétante et dangereuse de ce fanatisme censée être au centre de l’œuvre.
La mise en scène se casse également les dents sur les scènes d’action, illisibles et surcuté, surcutage que l’on retrouve dans tout le film, autant au niveau du montage que de la narration qui est condensée à l’extrême. Une mise en scène qui est donc inexistante, et dont l’alliance avec une belle photographie donne naissance à de belles mais oubliables images.
Concernant le traitement des personnages, si les acteurs jouent globalement bien, il faut souligner deux problèmes majeurs : tout d’abord Stilgar, le chef fremen qui perd toute crédibilité sous l’effet d’une foi ridicule que lui impose Villeneuve dans le but d’en faire le personnage comique du film. Vient ensuite le problème du traitement des Harkonens. Tout d’abord Dave Bautista qui est en surjeu constant, semblant incapable de prononcer une phrase sans crier. Ensuite, histoire de souligner que les méchants sont méchants, la première apparition de chaque Harkonen montre celui-ci tuant l’un des hommes sous ses ordres ; un procédé déjà présent dans le premier film, et étant lourd, peu original, et révélateur du manichéisme dans lequel se vautre le film, manichéisme que le roman marquait un point d’honneur à briser.
Avant de conclure, je ne peux m’empêcher de souligner le ridicule du pouvoir des larmes de Zendaya, visiblement capable de ressusciter les morts de façon surnaturel, bisant l’ambition de hard science-fiction de l’œuvre.
Villeneuve nous livre donc un film manichéen, caricatural, dénué de toute subtilité et de toute velléité de mise en scène. Seule la photographie, les costumes et les acteurs permettent de limiter la casse et de faire du film un divertissement efficace, à défaut d’être une bonne adaptation ou une œuvre d’art intéressante.
Par beaucoup d’aspects, le film de Villeneuve est le miroir inverse de celui de Lynch : techniquement aboutit, mais dénué de personnalité.