J'ai longtemps rêvé de retourner sur Arrakis et revoir son royaume sous le sable.
Un rêve qui commence non pas sur ses étendues désertiques, mais par des visions intra-utérines, comme s'il était parasité par les certaines images de 2001 : L'Odyssée de l'Espace et sa mythologie. Comme si, en 2024, la Deuxième Partie du rêve amorçait un changement d'échelle.
Car si la planète Arrakis est toujours magique et impériale de majesté sauvage, des traditions fremen et de textures palpables, les enjeux qui y prennent place la dépassent.
Car Paul change peu à peu de statut : lui qui s'inscrivait d'abord dans la fuite pour mieux refuser d'embrasser son destin devient un personnage dual.
Car peut être encore plus aujourd'hui, ce rêve entremêle de manière intime politique et religion, résonant de manière étrange avec notre présent et notre histoire. Avec tout ce que cela comporte de machinations, de trahisons, de pouvoir occulte, de volonté d'expansion et de fanatisme.
En le suivant intimement dans son rêve et ses visions, je ne pouvais que prendre fait et cause pour Paul, à croire en lui et en ce que la prophétie dessinait pour lui en guise de destin. Vision contrebalancée par celle de sa bien-aimée Chani, dont il ne peut finalement que s'éloigner pour embrasser l'emprise de sa mère.
La Deuxième Partie de mon rêve est toujours aussi incroyablement belle, jouant cette fois-ci, le temps de quelques séquences, avec le noir et blanc tranché de l'esthétique Harkonnen et son brutalisme imposant, répondant à l'océan de sable du dehors.
Il introduit un nouveau visage psychotique archi charismatique d'un magnétisme fou, confirmant un peu plus encore le pouvoir de nuisance de la maison Harkonnen, tout comme il représente le cynisme froid de l'ordre des bene gesserit et sa mainmise sur l'ordre du monde, allant jusqu'à contaminer la figure positive du héros d'essence messianique.
Le plus fort, peut être, c'est que la Deuxième Partie de mon rêve a conservé sa dimension furieusement épique, l'aspect grand spectacle de son action qui enchaîne les morceaux de bravoure sans faiblir, tout en ne perdant jamais de vue sa mystique et l'intériorité de son survivant qui ne peut finalement lutter contre ce qu'il tentait de rejeter.
Après m'être réveillé d'un sommeil halluciné, je regrette déjà la fin de mon rêve, étourdissant de beauté, riche de mille émotions et thématiques et surtout, vibrant du sirocco qui accompagne les plus grands héros dans leurs odyssées.
Un dernier rêve qui démontre que oui, la science-fiction mérite, à l'évidence, d'être vécue.
Behind_the_Mask, qui est loin d'être prophète en son pays.