On prend les mêmes et on continue.

Deux ans après la sortie de la première partie, Denis Villeneuve nous offre donc la conclusion de son adaptation du premier roman de Frank Herbert. Et, sans grande surprise, cette suite partage à la fois les qualités et les défauts de son prédécesseur.

On retrouve donc le style distinctif de Denis Villeneuve, qui nous offre de beaux paysages, une mise en scène sobre, des effets spéciaux impeccables au service de l'histoire, des décors et une direction artistique équilibrés, ainsi que d'excellents acteurs (mention spéciale à Austin Butler dans le rôle de Feyd Rautha). Le tout sublimé une fois de plus par la bande-son de Hans Zimmer, même si elle recycle beaucoup des morceaux du premier volet.

Malheureusement, malgré ces indéniables qualités, je ne peux m'empêcher d'être une nouvelle fois déçu par ce second opus, voire davantage que par le premier. Une déception qui ne provient pas seulement du fan des romans de Franck Herbert qui est en moi, mais également de l’humble cinéphile que je suis.

En effet, Denis Villeneuve persiste dans une adaptation simplifiée de l'œuvre originale, un choix que j'avais déjà observé dans le premier film. Et bien que je sois conscient des nécessités de prendre des libertés dans le cadre d’une adaptation cinématographique d’une œuvre littéraire aussi riche que Dune, cette fois-ci, ces compromis vont un petit peu trop loin à mon goût.

Certes, mon opinion est sans doute un peu trop biaisée par mes attentes forgées après le visionnage du premier film. J'espérais en effet que Denis Villeneuve rectifie les défauts et comble les lacunes de la première partie. Sauf que ce n’est malheureusement pas le cas… La responsabilité en incombe-t-elle au réalisateur, aux scénaristes, à la Warner, ou peut-être à une combinaison des trois ? Je l'ignore, mais ce que je sais, c'est que si j'avais compris et accepté les choix du premier film, je suis nettement moins conciliant avec ce second volet.

Ainsi, le choix de ne pas évoquer le Jihad Butlérien est plutôt compréhensible, car ce n'est pas un élément essentiel pour la compréhension du parcours de Paul. Quand bien même cela reste l’évènement fondateur de l’univers de Dune et de son Imperium. Cependant, d’autres éléments cruciaux sont négligés.

Dans mon analyse du premier film, j'avais mentionné les docteurs Suk, dont certaines spécificités étaient passées sous silence, diminuant par conséquent l'impact de la trahison du Docteur Yueh. Non seulement ce problème persiste dans ce second volet, mais surtout il s'aggrave.

Ainsi, l'accent mis sur la culture des Fremens et leurs croyances est certes louable, même si parfois cela frôle le ridicule. Cependant, omettre le cycle de l'épice est juste inacceptable. Cet aspect est non seulement vital pour la compréhension de l'univers de Dune, mais aussi l’une des bases de la culture Fremen, et surtout indispensable pour la compréhension de l'écosystème d'Arrakis.

Il y a aussi le cas du Bene Gesserit, dont l’influence prend une place plus prépondérante dans ce second volet, ce qui est une fois de plus positif. Cependant, il n'est pas le seul ordre influant au sein de l'Imperium. Où est la Guilde Spatiale, dont la dépendance à l'épice est vitale pour le voyage spatial et la stabilité de l'empire ?

Malgré les critiques que l'on peut adresser à l'adaptation de David Lynch, certains de ses choix surpassent ceux des deux premiers films de Denis Villeneuve. Par exemple, la représentation visuelle du navigateur de la Guilde au début du film de Lynch est mémorable, soulignant l'importance de l'épice et de la Guilde dans cet univers mais aussi ses dangers.

Mais lorsque Paul menace de détruire les réserves d'épices d'Arrakis avec des atomiques, la portée de la menace et le refus des Maisons du Lanstraad ne sont pas aussi clairs qu’ils devraient l’être. Et ajouter une voix off avant le film pour rappeler l'importance vitale de l'épice n'est pas une solution suffisante, il faut montrer cette importance de manière tangible et surtout visuel.

Cependant, pour les nouveaux venus dans l'univers de Dune, ces omissions passent facilement inaperçues. Les deux films sont clairement conçus pour être accessibles au plus grand nombre, tout en respectant l'œuvre d'origine. Et bien que je critique l'absence d'éléments cruciaux, quelques bribes subsistent ici et là.

Toutefois, est-ce suffisant pour encourager les nouveaux venus à lire les romans de Franck Herbert ? Malheureusement, je n’en suis pas certain. En simplifiant trop le récit, on perd la richesse de Dune, même si je reconnais que les romans de Frank Herbert ne sont pas des plus engageants, à l'instar de son univers parfois complexe. À titre d'exemple, je rappelle que le premier roman comprend une annexe substantielle pour aider à la compréhension de l'univers.

Verdict

En conclusion, Dune Partie 2 est un bon film, à l'instar de Dune Partie 1, mais aussi une adaptation qui s'avère malheureusement trop simpliste à mon goût. Si j'ai pu accepter ce choix pour le premier film, ma tolérance diminue pour cette suite, car certains éléments absolument essentiels sont à peine évoqués, voire totalement omis. Toutefois, je n'en demeure pas moins impatient de voir la troisième partie, et donc l'adaptation du second roman, qui devrait conclure cette trilogie de Denis Villeneuve.

(Avis rédigé le lendemain de mon visionnage du film, donc peut-être un peu trop à chaud)