Mad Max 2 est peut-être le film qui a généré le plus d’ersatz lowcost, sans doute car il est facile à copier. Une zone désertique, quelques figurants, des explosions, des véhicules customisés, et en avant. Les Italiens ont beaucoup donné de leur personne à ce niveau-là durant les années 80 mais ils ne sont pas les seuls ! Il y a aussi les Philippins. Et par « Philippin », j’entends Cirio H. Santiago, le pape du genre, qui jusqu’au bout aura encore et toujours œuvré dans le registre. Mais si mais si, souvenez-vous, Water Wars dont je vous avais parlé il y a quelques années, c’était de lui (même si, pour cause de décès, le film a été fini par Wynorski, un autre phénomène) ! Alors oui, Equalizer 2000, Raiders of the Sun, Les Roues de Feu, … on a quand même un peu l’impression de voir toujours le même film. Mais que voulez-vous, il est comme ça notre petit Cirio, il est généreux. Et avec Cirio, tu en as plus qu’il n’en faut, c’est moi qui vous l’dis !
Produit par Corman, car le bougre est toujours partant quand il faut pondre ce genre de bobine, Dune Warriors est donc un post-apo fauché comme on en a vu des dizaines et des dizaines. Sauf que pour une fois, on a une tête d’affiche. Si si, je vous jure, pas de la tête d’affiche de pacotille connue seulement par les amateurs de bis et autres Z, une vraie de vraie. David Carradine ! Attends, c’est classe ou bien !?! Alors oui, si on regarde sa filmographie et ses 237 films, il y a beaucoup plus à jeter qu’à garder et le monsieur a beaucoup œuvré dans le nanar et le navet, mais bon, il faut payer ses impôts comme on dit. Mais David Carradine en haut d’une jaquette de VHS/DVD, c’était bien plus classe qu’un Richard Norton ou qu’un Gary Daniels non ? Bon, pas pour moi, je les adore tout autant, mais il faut avouer que c’est bien plus vendeur auprès du grand public qui, crédule, voit ce nom écrit en gros, en gras, tout en haut de la bobine qu’il tient dans les mains. Là, tout d’un coup, des larmes commencent à apparaitre au bord des yeux lorsque des images de sa tendre jeunesse lui reviennent en tête. Il se revoit accourir vers la télévision lorsqu’arrivaient à ses oreilles les premières notes du générique de la série Kung Fu ou de sa suite Kung Fu – La Légende Continue. Rah ce que c’est beau la nostalgie, ce que c’est beau la puissance d’une police Times New Roman taille 72 en haut d’une jaquette.
Mais revenons à notre film, Dune Warriors. Ha, quelle belle bête ! Ça parle de quoi ? Oh de pas grand-chose. Ah si, ça se passe en 2040, le monde a été dévasté par je ne sais plus quoi, et du coup les gens survivent dans de vastes déserts et autres terrains escarpés. La denrée rare, c’est l’eau, et c’est bien entendu à cause de l’eau que de grands méchants très très méchants parce que, ouuuuuh, ils sont méchants, massacrent des villages entiers pour leur piquer leur eau. Ils finissent par tomber sur un village où, apparemment, ils ont de l’eau en masse. Genre c’est free loot quoi. Et ils décident de s’installer parce que, après tout « tu casa es mi casa », surtout quand on te pointe un flingue sur la tempe. Heureusement, leur sauveur solitaire ne va pas tarder à arriver. Il est fort, il est beau, il sent bon le sable chaud. Bon, en vrai, il ressemble plus à une sorcière défraichie en robe de chambre parce que rien ne semble aller, vestimentairement et capillairement parlant, à David Carradine. Et donc avec ses petits copains mercenaires, comme ils sont charitables et que la donzelle qui vient les trouver a des arguments physiques plutôt solides, ils vont défendre le village, entrainer les habitants et foutre dehors le chef des grands méchants.
Ah non mais nous sommes d’accord que les scénaristes ne se sont pas foulés le poignet en écrivant le scénario. On détourne celui des Sept Mercenaires (lui-même inspiré des Sept Samouraïs de Kurosawa) et on transpose le tout dans un monde post-apo. Emballé c’est pesé. On n’a pas de pognon ? T’inquiète on va se démerder. C’est qui le roi de la débrouille ? C’est Cirio !
Et chez Cirio, y’a tout ce qu’il faut ! Tu veux du gunfight ? Il y en a. Tu veux des combats avec des épées en mousse ? Il y en a. Tu veux de la voiture achetée à la casse du coin puis customisée avec ce qu’on a pu trouver ? Il y en a. Tu veux des décors en carton qui bougent au premier coup de vent ? Il y en a. Dis-moi ce que tu veux d’autre, je suis sûr qu’il y en a. Des bastons pachydermiques à mains nues avec des coups qui passent à 10km ? Il y en a. Des explosions parce que c’est classe les effets pyrotechniques ? Il y en a. Pfiou, il y en a plein même. La moitié du budget du film à peu près a dû y passer. Des clichés en veux-tu en voilà avec pêle-mêle traitre, méchant sans pitié, grotte remplie d’armes non loin du village ? Il y en a. Oui, c’est bien fait le cinéma. Un doublage VF aux petits oignons où se mêlent traduction approximative / doubleurs qui doublent chacun une demi-douzaine de personnages / jeux de mots fabuleux du genre « Remballe tes cliques ou tu prends une claque » ? Mais oui, il y en a. Un peu de sang juste ce qu’il faut car il faut que ce soit violent et un peu de nichons totalement gratuits parce qu’il faut que ce soit sensuel ? Il y en a ! Je vous rappelle qu’on est chez Cirio tout de même, il y a un cahier des charges à respecter en matière de giclées de sang et de plans boobs. Toi là-bas au fond, une proposition ? De quoi ? Tu veux une tribu de nains primitifs parce que c’est exotique, quitte à se faire chier à recruter 20 nains juste pour les faire apparaitre 15 secondes ? Ah ah, il y en a ! Oui, chez Cirio, il y a tout ce qu’il faut.
Dune Warriors, c’est tout ça. Ça ne fait pas rêver mais ça fait bien rigoler. C’est kitch jusqu’au bout des ongles. Les décors, les personnages, les dialogues, … tout est lowcost. Tourné aux Philippines sans le sou et sans doute en un temps record, avec toute une tripotée de figurants locaux trouvés sur le tas, avec des membres de la famille de ce cher Cirio (parce que, oui, le Bobby Santiago et le Christopher Santiago du générique, on ne me la fait pas à moi), tout ici peut facilement provoquer un rire nerveux. Et là, on se pose une question. Tout le monde le voit bien dans quoi il est en train de tourner, même toi Rick Hill (Deathstalker) tu le vois bien que c’est encore plus pourri que d’habitude, entourés de maisons en carton, de costumes faisant peine à voir, de lignes de dialogues ridicules… Comment faites-vous pour rester aussi sérieux ? A part un professionnalisme à toute épreuve je ne vois pas. Ou alors Cirio les drogue avant le tournage. C’est possible aussi.
Bref, quoi qu’il en soit, du haut de ses 1h14 générique compris et de son gros rythme, Dune Warriors amuse. Dune Warriors amuse même beaucoup ! Ça explose dans tous les sens, ça fuse de moments nanars, on est content de revoir quelques bonnes vieilles trognes telles que Nick Nicholson (Laser Force, American Warrior, Platoon) ou encore Luke Askew (Easy Rider, Pat Garret et Billy The Kid) et, rah, mais 1h14 c’est trop court en fait, j’en voulais encore moi ! Bon ben pas le choix, je vais devoir me faire prochainement un autre de mes post-apo philippins. Car avec Cirio, quand y’en a plus, y’en a encore !
Cirio R. Santiago, le pape de la série B philippine, a encore frappé un grand coup dans le genre post-apo lowcost avec Dune Warriors. C’est encore plus fauché que d’habitude, mais c’est toujours aussi généreux, pas prise de tête, et fun !
Critique originale : ICI