⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

On ne saurait regarder Dunkerque comme on regarde d’autres films du genre. Peut-être parce que ce genre-là n’est pas très fréquent.


Dunkerque est un pur film de réalisateur. Même si Mark Rylance, notamment, est comme toujours très bon, Nolan, de manière très intelligente, s’attache à ne volontairement pas développer ses personnages, pour ne pas nous conter une histoire singulière, mais pour nous conter la guerre. Dans la guerre, l’individu n’existe plus. Parti pris d’autant plus intéressant que les seules relations développées sont celles des personnages qui viennent d’Angleterre, ceux que la guerre n’a pas encore atteints.


Aucune histoire singulière, mais toutes les histoires imbriquées : la mer à la rescousse de la terre. L’air comme protecteur de la mer. A son tour, la mer, espoir de survie de l’air. Tour à tour, l’homme, dans tout ce qu’il a de beau. Dans tout ce qu’il a d’héroïque. Dans tout ce qu’il a d’égoïste. L’homme qui hiérarchise les vies humaines. La mort qui ne connait aucune hiérarchie.


Dunkerque ne s’appuie pas non plus sur un scénario innovant. Rien n’y est surprenant, et pourtant tout y est haletant. Dunkerque est une expérience. Nolan filme l’attente. Il filme l’angoisse, il filme la peur, il filme le soulagement, il filme la mort, il filme la chance. Il filme enfin, surtout, le caractère majeur de la guerre : l’aléatoire. Trois lieux, tous étrangers les uns aux autres, tous différents, et pourtant tous liés par la patte du réalisateur. Trois périodes de temps, comme autant de moments où Nolan joue avec nous, qui, l’espace d’1h45, avons perdu la notion du temps. On ne sait plus à quel moment on est, on se moque de qui l’on suit.


La réalisation de Nolan efface ici tout le reste. Nous l’avons dit, pas de performance d’acteur. On a loué la musique d’Hans Zimmer, elle m’est passée complètement à travers, comme s’il n’y avait pas de bande originale. Je n’en avais cure, puisque ce qui importe dans Dunkerque, c’est le ressenti. A la photographie, Hoyte van Hoytema, également, se trouve moins inspiré que sur Interstellar. Le contexte s’y prête sans doute moins, le sujet requiert d’être plus en retrait.


Dans un registre différent du reste de l’œuvre de Christopher Nolan, Dunkerque, pour s’apprécier, se vit, plus qu’il ne se regarde. Le réalisateur a fait un pari, qui lui permet de mettre à profit toute la plénitude de son talent derrière la caméra, mais sans transcender les autres aspects du film. Un pari, qui, malgré tout, s’avère réussi.

Créée

le 30 juil. 2017

Critique lue 395 fois

6 j'aime

1 commentaire

Critique lue 395 fois

6
1

D'autres avis sur Dunkerque

Dunkerque
Sergent_Pepper
4

Sinking Private Nolan

Voir Nolan quitter son registre de prédilection depuis presque 15 ans, à savoir le blockbuster SF ou du super-héros, ne pouvait être qu’une bonne nouvelle : un écrin épuré pour une affirmation plus...

le 22 juil. 2017

200 j'aime

37

Dunkerque
guyness
4

Effets de Manche

J'ai pleinement conscience de l'extrême prudence, de la taille des pincettes qu'il me faut utiliser avant de parler sans enthousiasme excessif d'un film de Christopher Nolan, tant ce dernier a...

le 22 juil. 2017

179 j'aime

56

Dunkerque
Halifax
9

La Grande Evasion

La jetée, une semaine La mer, un jour Le ciel, une heure Trois lieux, de multiples histoires, un seul objectif : s'échapper pour survivre. Christopher Nolan ne s'embarrasse pas de contexte. Puisque...

le 18 juil. 2017

160 j'aime

8

Du même critique

Little Children
Quentin_Boussar
10

Un chef d'oeuvre

Il est de ces films qui ne vous laissent pas indemne, qui vous font réfléchir, et c’est le cas de Little Children. Sorti en salles aux Etats-Unis en 2006, et en France en 2007, le film est...

le 27 sept. 2013

16 j'aime

1

Blackbird
Quentin_Boussar
10

Lettre d'amour ouverte

Je suis allé voir Blackbird sans avoir la moindre idée de ce dont il retournait. Sans doute avais-je lu le synopsis il y a longtemps, quand un nouveau film avec Kate Winslet avait été annoncé, puis...

le 25 sept. 2020

13 j'aime

7

Django Unchained
Quentin_Boussar
8

La réconciliation.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que j'ai toujours été allergique à Tarantino. C'était fouilli, on ne comprenait jamais rien, c'était drôle mais vu que l'humour ne semblait pas être le but du film, ça...

le 9 oct. 2013

11 j'aime