Dunkerque était le projet secret de Nolan, celui dont il ne voulait rien révéler. Forcément Dunkerque retrace la fuite des soldats britanniques complètement encerclés par l'ennemi dans cette petite ville du Nord de la France. Et croyez-moi, personne de censé ne veut finir ses jours à Dunkerque! 400.000 soldats à rapatrier en quelques jours. 400.000 soldats sous les feux de l'ennemi n'ayant nulle part où se cacher et attendant sur la plage pendant des jours une évacuation qui pourrait arriver à tout moment comme jamais. 400.000 soldats s'allongeant sur le sable quand les frappes aériennes de l'ennemi tombent espérant jusque qu'ils ne soient pas touché. Christopher a décidé de retracer ce moment sombre de l'histoire des alliés. Mais détrompez-vous, il ne s'agit nullement d'un film de guerre mais d'un récit de survie, d'une course contre la montre, une plongée dans les abîmes...
Why waste precious tanks when they can pick us off from the air like a fish in a barrel?
Une véritable expérience donc... Expérience qui passe grandement par les images et plus complexe qu'elle en a l'air. Le récit est découpé en trois axes : la terre, l'eau et les airs respectivement occupés par la jetée, la mer et le ciel. À ces trois axes, on retrouvera une unité de temps propre. Une semaine, un jour, une heure. Et la beauté du récit passe uniquement dans le croisement entre ces différents axes et unités de temps pour cracher sa photographie à la gueule du spectateur.
Nolan ne perd pas son temps à expliquer le conflit. Je veux dire pour qui la seconde guerre mondiale et ses interactions ne sont plus claires? Et dans le pire des cas, de nombreux autres longs métrages regorgeront de détails sur le sujet. Non, ici, le but est de vivre juste ou plutôt de survivre.
All we did was survive.
Pour se faire, pas de développement de personnages, juste des soldats perdus, errants même et prêts à tout pour survivre.
Le film joue grandement la carte du réalisme bien que beaucoup de détails ne le sont pas, notamment dans le comportement des soldats ou la quasi non-présence des français (et je ne parle même pas des nombreux soldats belges sous-équipés qui tenaient le front d'une part avec les français pour contenir l'ennemi en dehors du dernier bastion de résistance et des 20.000 soldats belges ayant évacué avec les anglais - encore un coup du Brexit?), et pourtant avec une photographie époustouflante et un tournage hors des studios et de leurs effets CGI, on s'y croirait presque. Le parti pris de ne jamais montrer l'ennemi qui est une sorte de menace fantôme que l'on sent rôder tout autour mais à laquelle on est jamais confronté permet de faire monter l'adrénaline sans que celle-ci ne retombe.
La partie aérienne est étonnamment la plus réussie. Les plans sont magnifiques et l'action simplet et réaliste permet une véritable imprégnation.
La scène finale où l'avion se laisse planer jusqu'à atterrir et que ce pilote inconnu que l'on découvre alors en Tom Hardy ait juste le temps de faire brûler son avion avant d'être encerclé par l'ennemi est juste magnifique.
Je ne vais pas étendre ma critique sur ce film car de nombreuses personnes l'ont déjà décortiqué dans le moindre de ses détails avec des mots certainement plus appropriés que les miens. Mais oui, c'est une expérience qui vaut la peine d'être vécue.
Bref, Dunkerque est une expérience cinématographique de survie véritablement prenante. Elle fait quelques détournements historiques mais cela ne gâche en rien le plaisir du film. Plaisir qui sera à son comble sur grand écran.