Du voyage interstellaire aux limbes de nos rêves, Christopher Nolan continue de s’approprier de multiples genres cinématographiques. Pour la première fois de sa carrière, le réalisateur s’attaque à des faits historiques : la bataille de Dunkerque, où troupes britanniques et françaises se voient isolées face à la menace allemande qui gagne progressivement du terrain. Faire face à l’ennemi ou évacuer les soldats ? Le dilemme s’impose comme une urgence, qui se ressent constamment au cours du film.
À première vue, l’évacuation de Dunkerque ne semble pas être des plus palpitantes à raconter au cinéma. C’était sans compter sur l’inventivité formelle et narrative du réalisateur, qui fait de son premier film de guerre un drame profondément humain, mais surtout immersif à souhait.
Au plus près des bombes
Une heure et quarante-huit minutes : plus court film de son réalisateur depuis son tout premier, Following (et son heure et dix minutes de métrage), Dunkerque ne perd pas de temps. Ce qui se présentait comme une crainte au yeux des cinéphiles, vu l’appétit du cinéaste qui approchait presque les trois heures, avec Inception et Interstellar, devient finalement l’un de ses points forts en suscitant un sentiment d’urgence perpétuelle.
Déstabilisantes au premier abord, les trois timelines de Dunkerque finissent par décupler les points de vue sur un même événement : la tentative désespérée de tout un pays pour sauver ses troupes. À l’instar d’Inception, où le réalisateur nous entraîne à travers les songes de ses acteurs, le spectateur se retrouve plongé au cœur de l’action de manière frontale. Le conflit a déjà éclaté depuis bien longtemps, il n’y a pas le temps de présenter les personnages – dont la majorité demeurera anonyme jusqu’à la fin du film.
La bande-son frénétique composée par Hans Zimmer (dont les collaborations avec le réalisateur remontent à loin) accroît l’urgence éprouvée par ces soldats, en pleine lutte pour leur survie. À l’image du premier morceau disponible depuis quelques jours, le compositeur joue sur des mélodies cycliques et entêtantes, agrémentées d’un incessant tic-tac semblable à un compte-à-rebours. Une musique qui se mêle brillamment à l’incroyable montage sonore du film : Nolan joue avec le son en hors-champ comme annonciateur de la menace à venir. Le bruit rugissant des moteurs d’avions de chasse, des déflagrations, les débris qui s’amoncellent et les cris sont tout autour de nous. L’horreur de la guerre est bien là, au plus près.
Critique complète à retrouver sur Silence Moteur Action