Messi Orphelin
Écumer les bacs Dvds des Cash Express, en voilà une pratique bien désuète de nos jours, voire carrément anachronique. Qui perd encore deux heures de son temps à farfouiller au milieu de centaines de...
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le 29 janv. 2024
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Écumer les bacs Dvds des Cash Express, en voilà une pratique bien désuète de nos jours, voire carrément anachronique. Qui perd encore deux heures de son temps à farfouiller au milieu de centaines de Dvds ? De Matrix au direct-to-vidéo sorti il y a maintenant 20 ans dans l'indifférence générale, avec sa jaquette kitschouille, son encodage 4/3 et une VF 2.0 comme seule piste audio, on peut parler d'archéologie du cinéma. L'auteur de ses lignes fait partie de ces ringards, de ces illuminés du format physique, préférant posséder son édition plastifiée de Meggido : The Omega Code 2 plutôt qu'aligner les productions numériques sans âme des fonds de tiroirs des plateformes. Quelques photos ringardes, une jaquette racoleuse, des punchlines bien senties et l'odeur du vieux plastique poussiéreux, ça a quand même plus de gueule qu'un résumé Allociné approximatif accompagné d'une image choisie au hasard dans le film. Comme cette introduction le suggère, Dying God est donc le résultat d'âpres recherches parmi des centaines (milliers?) de dvds exposés au Cash Express de Verdun, où les prix oscillent entre un et trois euros. Pour enfoncer le clou dans la cercueil du format physique, ces dernières années cinq boîtiers achetés permettent d'en obtenir deux gratuit. On dirait bien que le Dvd ne fait plus recette. Le film chroniqué ici fait ainsi partie de la razzia semestrielle, où pour une quinzaine d'euros on repart les bras chargés de films bis, vieillots, oubliés, nuls, aberrants, absurdes et pour l'immense majorité depuis longtemps abandonnés du Dieu cinéma.
Jean-Pierre Putters mis en évidence sur la jaquette, impossible de ne pas céder à cet ingénieux appel marketing. Fondateur de la revue Mad Movies en 1972 , il a sorti le cinéma de genre de son ghetto en le rendant plus accessible pour les spectateurs friands de péloches déviantes et barrées. Homme multi-tâches, il produit ici son ami Fabrice Lambot, parti tourner pendant un mois en Argentine ce polar aux relents horrifiques, où plusieurs prostituées sont retrouvées mortes l'abdomen perforé. Dernière ces meurtres se cache le Kurupi, monstre légendaire de la culture guaranie, dont le peuple argentin est originaire. S'inspirant du folklore local, le réalisateur tente de greffer l'élément fantastique à une intrigue qui mixe déjà au départ le film d'investigation à celui de mafieux. Un joyeux bordel, le film ne sachant jamais sur quel pied danser, mais qui a le mérite de livrer une proposition qui sort du lot. Ah oui, si les péripatéticiennes possèdent de tels stigmates, c'est parce que le Kurupi, tel que décrit par les légendes, est doté d'un chibre monumental, rappelant l'ultra Z The Necro-Files du tâcheron Matt Jaissle.
Pour guider son récit Lambot peut compter sur un James Hornan des grands jours en flic dur à cuir ; concourant au plus beau cabotinage de la décennie, il apparait irritable, balance des «fuck» en veux tu en voilà, sans oublier un minimum de trois grimaces constipées par séquence. Investi à 200%, il redéfinit à lui tout seul l'expression «en faire des caisses». Impossible de ne pas succomber au charme d'une telle performance. Forcément, le reste du casting qui a eu l'idée saugrenue de faire (relativement) dans la retenue est immédiatement ridiculisé. Par contre, qu'est donc venu faire le chouette Lance Hericksen dans cette galère ? Sans doute par amitié pour JPP, parce qu'au vu de la tronche qu'il tire dans le making of, il n'a pas l'air de savoir non plus.
On passe rapidement sur le filmage très amateur à la caméra DV, archétype des productions fauchées de l'époque, qu'on viendrait presque à regretter tant il confère au film un aspect réaliste, moche et cradingue qu'il lui va comme un gant. Malgré une première partie un peu timorée, la seconde se lâche et propose les effets gore qu'on attendait. Pour qui est un peu sensible à ce cinéma de la démerde et du système D, Dying God constitue une jolie petite découverte. Témoin d'un cinéma d'un autre temps (déjà plus de 15 ans, fichtre), son existence physique tient du petit miracle, lui permettant désormais de reposer en paix sur une étagère Billy pour les décennies à venir. En 2050, quand le petit dernier vous demandera ce qu'était le cinéma il y a fort longtemps, vous pourrez fièrement sortir votre archive et exhiber une relique du passé. Alors oui, peut être que Dying God avec ses zgegs surdimensionnés, ses tripailles et obscénités débitées à tout bout de champ n'est pas le meilleur exemple. Mais vous avez l'idée. Amazon et Netflix n'ont plus qu'à aller se rhabiller, voilà un euro bien mieux investi.
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le 29 janv. 2024
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